Terminer « Wild » de Cheryl Strayed, c’est se retrouver fourbue mais heureuse au bout du chemin – et quel chemin – que l’on vient de parcourir à ses côtés.

La littérature américaine n’est pourtant pas dans mes habitudes de lecture, mais la présentation du roman, assurée par Léa lors du petit-déjeuner littéraire organisé par la librairie « Fiers de Lettres » à Montpellier, le 22 juin dernier, fut tellement passionnée que je n’ai pu résister… et je n’ai pas eu à le regretter.

Cheryl perd sa maman, encore jeune, d’un cancer du poumon. Elle divorce de son mari Paul, qu’elle continue d’aimer pourtant. Plus rien n’a de sens dans sa vie. Elle souhaite se retrouver, oublier son passé où la drogue avait une trop grande place, se transformer peut-être, se (re)découvrir en tous les cas. Alors, elle décide de « tailler la route »…« Il y avait eu la première fois où je m’étais dit, sans vraiment réfléchir, que je pourrais le faire… Ensuite il y avait eu les premiers pas sur le chemin… Enfin, il y avait eu la vraie vie au jour le jour sur le PCT. La volonté de rester et de continuer envers et contre tout. »

C’est ainsi que l’auteur nous entraîne, dans des chaussures trop petites, affublée d’un sac à dos trop lourd, les poches souvent vides, dans le froid, l’humidité ou une chaleur hors du commun, au milieu des serpents à sonnette, ours et autres coyotes, sur le Pacific Crest Trail, le PCT pour les intimes, qui court de la frontière mexicaine à la frontière canadienne sur… 1700 km…. Aux confins du road movie, du dépliant touristique, du précis de botanique, du manuel sur l’introspection, et de l’étude de l’Homme en milieu hostile, ce roman a toutes les qualités d’un récit que l’on ne peut oublier une fois la dernière page tournée.

Cheryl nous raconte ses rencontres, nous parle des amitiés nées de l’adversité, de ses souffrances physiques et de ses réflexions intimes et, petit à petit de sa renaissance.

Elle nous démontre que la marche libère la pensée, permet la réflexion, réflexions sur sa mère et ses défauts « Finalement, mourir à quarante-cinq ans n’était que la pire des erreurs commises par ma mère. Mentalement j’ai dressé la liste de toutes les autres. », réflexions sur son beau-père « …j’avais la quasi-certitude que sans lui, je ne serais pas partie sur le PCT. Et la boule douloureuse qui me serrait la gorge… a commencé à me faire un peu moins mal. »

 A la fois profond et léger, sérieux mais saupoudré de saillies humoristiques, le récit est équilibré et ne permet jamais à l’ennui de s’immiscer. La langue est simple et alerte et les mots toujours bien choisis. J’ai continué et continué encore, impatiente de savoir, à mettre mes pas dans les siens, à refaire mon sac chaque matin jusqu’au point d’arrivée.

Véritable hymne à la nature et au courage tant physique que mental, cet ouvrage, très fort, ne peut que séduire les amateurs de randonnée et tous les autres aussi.

Un grand merci à la librairie « Fiers de Lettres » à Montpellier ainsi qu’à Léa du blog  Leatouchbook, fondatrice et animatrice du « Picabo River Book Club » de m’avoir permis cette découverte.

Editeur : 10/18
Date de Parution : 18 Septembre 2014
Nombre de pages : 502