Le roman est avant tout l’histoire d’un homme amoureux des couleurs, du ciel, des arbres, des fleurs et du vent qui les berce. C’est l’histoire d’un homme émouvant, fragile, soumis aux quolibets constants des personnes qui ne voient en lui qu’un pauvre hère mal fagoté, titubant et parlant seul. Sa tristesse, la solitude dont il souffre transpirent à chaque phrase. C’est aussi l’histoire de ses œuvres qui se créent devant nos yeux, du tableau qui se compose avec rapidité, à grands coups de pinceaux. Car l’auteur a ce don de transformer les mots en images, la peinture jaune en morceaux de soleil et la bleue en bouquet d’iris. Aucun superflu, c’est léger et élégant et le chapeau s’envole et les mains aussi.
Marianne Jaeglé rend un vibrant hommage à ce peintre talentueux et pourtant décrié par ses congénères, malmené, moqué, mais aussi à son petit frère Théo, le seul à avoir cru en lui, à l’avoir défendu, aimé, entouré. En parcourant ce récit, je me voyais à ses côtés, prenant le grand frère dans mes bras, le rassurant, lui disant combien sa peinture est belle, combien son génie est grand. C’est un roman d’une grande sensibilité, d’une empathie indicible de l’auteur pour son personnage.
Le livre refermé, il me reste au fond des yeux des couleurs, des dessins, des portraits, dans le cœur une immense tristesse, le bruit d’un pistolet, et surtout cette folle envie de retourner très vite en Arles et à Saint-Rémy sur les traces de ce fabuleux peintre maudit. Il est évident que mon regard sur ces lieux sera différent, car, si j’ai toujours aimé Van Gogh, je n’avais, jusqu’à cette lecture, jamais complètement saisi sa détresse profonde.
Editeur : Gallimard L’Arpenteur
Date de Parution : 22 Avril 2016
Nombre de pages : 320
Parution chez Folio : 8 Mars 2018
Dommage que j’ai du retard dans mes lectures, car cette chronique me donne des envies de relire ce roman!
Et bien moi aussi, j’aurais envie de le relire !