Mémé Stasia, la grand-mère, Aba la mère, Marianna la fille et la narratrice qui est la petite-fille. Elles ont toutes une histoire hors normes, des destinées contrariées, mais surtout, le désir commun chevillé au corps d’une Ukraine émancipée de l’URSS. Car, l’Ukraine est bien le cinquième personnage et plus encore la ville de Lwów, initialement (en polonais), puis Lvov (en russe) et Lviv désormais (en ukrainien) qui représente l’évolution de cette région soumise à de nombreuses tensions : « Il aurait fallu deux villes en parallèle, avec deux noms différents, Lwów et Lviv. Est-ce qu’on y a seulement pensé à l’époque ? …. Mais il n’y en avait qu’une, c’est pourquoi la guerre a éclaté, séparant la ville en deux finalement. »
Si j’ai lu ce roman sans m’ennuyer et parfois même avec plaisir, j’avoue que mon avis est malgré tout mitigé. J’ai aimé ces quatre femmes volontaires, engagées, fières, féministes, attachantes. J’ai aimé leurs destins tourmentés : Aba qui rêvait d’être artiste-peintre obligée par sa mère d’abandonner ce rêve pour des études de médecine, Marianna, chanteuse arrêtée en plein vol dans son rêve d’indépendance pour son pays « Le jour de sa mort… sa mort était une couleur. Des hommes ont rapporté son corps à la maison, enveloppé dans un immense drapeau bleu ciel et jaune… à un endroit une tache sombre, sanglante, transparaissait. » J’ai également apprécié les détails relatifs à l’histoire politique de l’Ukraine, ses temps difficiles, ses avancées et ses reculs, ses peines et ses chagrins.
J’ai déploré en revanche un manque de fluidité entre les chapitres et j’ai eu parfois l’impression que des « coqs à l’âne » cassaient le rythme du récit. J’ai, par ailleurs, été déroutée par une écriture qui m’a paru pesante, lourde, sans grande délicatesse. Je l’aurais souhaitée plus aérienne, plus simple peut-être.
Editeur : Delcourt Littérature
Date de parution : 10 Janvier 2018
Nombre de pages : 220