Avis :★★★★

« Vigile », le premier roman d’Hyam Zaytoun est un cri d’amour de 124 pages.

Il raconte l’accident cardiaque dont fut victime, cinq ans auparavant, le compagnon de l’auteure. Il narre cette nuit où elle est réveillée par un bruit hors du commun, « C’est une histoire de pulsation…. C’est une blague, ce vrombissement de bouche… La lumière. Ton visage, tes yeux fixes. Tu n’es plus là. Une secousse encore. Tu n’es plus là ».  Il relate comment elle va lui sauver la vie. Lui, Antoine, son compagnon, son amour. 

L’auteure expose les faits, sans pathos, mais avec un amour profond. J’ai suivi son cheminement aux côtés de cet homme dont elle devient au fil des jours la « vigile », celle qui garde, protège, décide. Elle attend, écoute, tente de comprendre. Elle entoure ses enfants, petits, leur explique, ne cache rien. C’est, à mes yeux, un témoignage tout autant qu’un roman, celui d’une femme qui se souvient et qui retranscrit ce qu’elle a ressenti, les douleurs, le chagrin, la peur, l’espoir. Elle dit l’amour dans ce sas entre la mort et la vie, les amis, la famille, ce moment en suspens, cette crainte du départ de l’autre. Elle ameute, entoure, se blottit.

 L’écriture est belle, simple, sans fioritures, sans ostentation.

Elle traduit à merveille chaque moment de cette course contre la montre, le refus de baisser les bras, le désir de continuer, l’obligation de gagner. Elle traduit la vie, toujours là. Intime, personnel, le drame est finement analysé, une sorte de catharsis, une manière, non pas d’oublier, mais de faire une force de ces moments où la faiblesse de l’un a révélé la solidité de l’autre, de cet instant où l’épaule consolatrice a changé de camp. Grâce à des mots, justes, pensés, pesés, l’auteure nous démontre que chacun trouve en lui-même une résistance insoupçonnée face aux vicissitudes de l’existence.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cet ouvrage n’est pas noir. Il laisse passer au contraire une belle lumière, celle de la confiance en l’avenir, du pouvoir de l’amour et démontre joliment que « Le pire n’est jamais sûr ».

Un premier roman d’une grande sensibilité.

Editeur : Le Tripode
Date de Parution : 3 janvier 2019
Nombre de pages : 124

Ce livre a été lu dans le cadre de l’association « 68 Premières Fois » – Session Janvier 2019