En l’occurrence, il n’en est rien. Et « Une verrière sous le ciel » de Lenka Horňàkovà, lu dans le cadre de la dernière Masse Critique est une pure merveille.
Il s’agit de l’histoire d’Ana, jeune Tchécoslovaque de 18 ans qui refuse de prendre le train pour rentrer chez elle après une semaine de colonie de vacances en France organisée par le Parti Communiste. L’histoire débute donc sur un quai de la Gare de l’Est à Paris, nous sommes en 1988. Ana se retrouve seule, sort de la gare et ses pas la mènent jusqu’au cimetière du Père Lachaise, sur la tombe du peintre Modigiliani.
C’est là qu’elle rencontre Grofka, sortie d’on ne sait où, une fée amicale ou maléfique, réelle ou rêvée :
« Au début, j’ai pensé que Grofka était une fée ; je la crois de plus en plus une sorcière… » « Dans les contes de mon pays, il y a souvent trois fées qui se penchent sur le berceau du bébé pour lui prédire son destin… »
Celle-ci, après lui avoir demandé de rester muette, conduit Ana jusqu’au café tenu par Bernard et la cache dans un réduit situé près du comptoir. A la manière d’un conte, l’auteure va nous guider aux côtés de l’héroïne, en quête d’une nouvelle vie, d’un avenir inventé, de la liberté.
Petit à petit apparaissent des personnages variés, tous particuliers : Jacob et Yacoub, qui viennent chaque matin boire leur premier café, Eugène et Albert le peintre, Marie-Pierre ou Maria, on ne sait trop et même ce Monsieur ON dont parle Ana comme d’un maître … Tous auront une importance dans sa nouvelle vie, dans sa recherche de liberté. Elle va apprendre de chacun, se mettre à parler, s’interroger, aimer, souffrir, grandir.
Lenka Horňàkovà m’a régalée de sa belle écriture, puissante, forte, élégante, poétique et parfaitement maîtrisée. « Avril appâte le monde avec la promesse de jours plus longs et de plus en plus chauds. » Elle m’a émue par ses références à la peinture, aux fleurs et à leur symbole, au rouge des œillets, à la rose et son parfum, par ce constant parallèle entre la vie d’Ana et les changements politiques… 1989… la chute du mur, l’envolée d’Ana. Ana qui progresse grâce à l’amour d’Albert, et qui continuera de chercher sa liberté.
« Une verrière sous le ciel », comme une trouée qui permet de voir au-delà des nuages, un horizon qui s’ouvre, se découvre, une lumière qui entre dans la vie et la sublime, un essor vers la liberté.
Editeur : Alma
Date de parution : 1er Février 2018
Nombre de pages : 264
Hâte de le lire, surtout après avoir lu ta chronique!
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