Il y a Mimo…
Et le silence règne, ce soir d’automne 1986 à l’abbaye où se meurt un homme. Il n’a jamais prononcé ses vœux et pourtant il vit là depuis quarante ans pour « Veiller sur elle »… Cet homme s’appelle Michelangelo – ou plutôt Mimo – Vitaliani. Il est né en France de parents italiens. Il a été élevé par un homme – un ami, un oncle… le sait-on ? – alcoolique et plutôt brutal à Pietra D’Alba dans le Piémont. Et, comme souvent, raconte-t-on, au moment de quitter sa vie, il la revoit et remonte le fil…
Et puis, il y a l’Italie…
J’ai du mal à trouver mes mots. Aucun ne me paraît digne de ceux de l’auteur, magnifique conteur. En même temps que l’histoire émouvante d’un homme différent et talentueux, il rend un hommage vibrant à l’Italie et aux arts, notamment la sculpture et la peinture. Il nous fait voyager à Rome et à Florence, nous conte l’histoire de l’Italie, la montée du fascisme, les luttes de pouvoir.
Et puis Viola et…un amour impossible…
Et puis il y a la famille Orsini, puissante, et manipulatrice. Et puis il y a, surtout Viola, la fille, hors norme elle aussi, comme Mimo. Et puis il y a l’amour, une belle histoire d’amour, sans doute parce qu’elle est impossible, qui les unira toute leur vie. Un jeu de « Je t’aime, moi, non plus ». Et puis il y a tous les autres personnages, dignes des plus grandes scènes théâtrales., qu’ils soient prêtres ou « chemises noires », tous particuliers mais terriblement attachants et superbement croqués.
Et puis, une nouvelle fois, l’écriture…
Car, oui, il y a toujours l’écriture de l’auteur qui excelle dans les descriptions, qu’elles soient de paysages :
« La lune grinça derrière les cyprès sur ses vieux rouages, bougea, éclaira l’intérieur et le poli noir d’une dalle de granit. »
De personnages :
« C’était un jeune homme de vingt ans, aux traits sans charme ni défaut dont la banalité était à chaque seconde assassinée par le flamboiement des yeux, d’un bleu tel qu’on en avait rarement vu. »
Ou même, subrepticement, alors qu’on s’y attend le moins, d’une anecdote coquine, l’occasion de rendre un hommage plein d’humour à un grand nom de l’artifice en Italie…
« Puis elle s’installa sur moi, et j’oubliai tous mes maux. J’aurais voulu, pour ma première fois, offrir un feu d’artifice digne des Ruggieri à la brave Sarah. Mais il y eut un problème technique, une erreur d’allumage. L’artificier envoya tout de suite le bouquet final. »
Et puis, enfin, il y a « ELLE », le personnage principal, le chef d’œuvre… celle sur laquelle il doit veiller, l’œuvre de sa vie…le mystère…
Ce roman se déguste, il se sent, il s’écoute, il se vit. Et quand Jean-Baptiste Andrea fait dire à Mimo « Une œuvre n’est donc que le brouillon de la suivante », je pense que si chacun de ses romans est le brouillon du suivant le prochain sera à couper le souffle.
Editions : L’Iconoclaste
Date de Parution : 17 Août 2023
Nombre de pages : 586
Wouah ton avis donne envie de découvrir cet auteur. quel roman me conseilles tu de lire en premier pour connaître sa plume.
Un coup de foudre, effectivement. Ce roman est supebne, aussi poétique que romanesque, je suis bien d’accord.
Oui, Cécile, nous sommes entièrement d’accord. Je pense d’ailleurs le relire.