Un recueil de 21 nouvelles, 21 instants de vie…
Il s’agit là d’un recueil de vingt-et-une nouvelles, vingt-et-un instants dans la vie d’artistes qu’ils soient peintres, sculpteurs, musiciens ou écrivains. Un voyage dans le temps et l’espace qui nous raconte le moment fatidique, le petit déclic, la décision qui fit naître l’œuvre. L’écriture de Marianne Jaeglé est toujours d’une grande beauté, travaillée à l’extrême et pourtant si simple, la simplicité des grands. Elle est poétique, juste, alerte et chaque fois adaptée au personnage, son environnement à la fois géographique et temporel. Car, et c’est ce que j’ai particulièrement aimé, nous voyageons de l’Antiquité avec Homère à notre époque. Si avec ce dernier, sa plume se fait facétieuse – elle a tout de même l’audace assumée de le traiter d’imposteur – elle est autrement plus intime, émouvante, quand il s’agit de Primo Lévi
« Et cette peur qu’il a maintenant, de dormir, et de retourner là-bas, dans ce lieu qui absorbe et détruit tout le reste. Sa peur d’en être avalé. Auschwitz est ce gouffre gris… Primo ferme les yeux… Une marche après l’autre il entreprend de descendre l’escalier. »
La même tristesse anime sa main quand elle aborde un pan de la vie d’Irène Némirowsky, mais se fait plus joyeuse pour raconter l’instant où J.K. Rowling somnole dans le train qui la ramène de Manchester à Londres et a l’intuition de son fameux Harry Potter qu’elle écrira quelques années plus tard.
Léonard de Vinci…
Et Léonard de Vinci, me direz-vous ? C’est vrai que le personnage fait le titre du recueil. Nous le suivons, dans la dernière nouvelle, sur les routes de France lorsqu’il quitte l’Italie pour se rendre à Amboise. Pourtant, nous en entendons parler avant par la bouche d’Andrea del Verrocchio, le maître que Leonardo finit par dépasser. A ce sujet, j’ai presque regretté que ce passage ne fût pas le premier. Léonard de Vinci eût été ainsi l’Alpha et l’Omega.
Il est évident que je ne peux décortiquer chacun de ces « instants de vie », je vous laisse le plaisir de les savourer. Savourer chaque mot, chaque moment, les picorer, les relire à l’envi dans l’ordre ou le désordre. L’auteur nous offre, en effet, une jolie boîte remplie de petits bonbons sucrés, acidulés, parfois amers mais toujours délicieux. Petites gourmandises supplémentaires, les explications données par l’auteur sur chacun des personnages abordés.
Editeur : Gallimard (Collection l’Arpenteur)
Date de Parution : 20 Mai 2021
Nombre de pages : 208
Je remercie très chaleureusement l’auteure et la maison d’Edition pour cette découverte en avant-première.
Encore une critique bien agréable à lire. Je ne connais pas du tout cette autrice. Marianne Jaeglé est un nom que je n’avais jamais entendu ni vu en librairie. Je parie que lors d’un prochain passage entre les tables et rayons de mon libraire, je ne le raterai plus! Envie de découvrir cette plume.
Oui, je te conseille, notamment « Vincent qu’on assassine », il est en poche sésormais, un roman sur Van Gogh absolument magnifique.
J’aime beaucoup le principe de départ ! 😉
Tout à fait, Antigone, et vraiment c’est à la fois magnifiquement écrit, véritablement érudit et d’un grand intérêt.