Avis : ★★★

Lorsque le site Babelio a proposé sa nouvelle Masse Critique  » Spéciale Documents », j’ai jeté mon dévolu sur l’ouvrage de Jean Arcelin « Tu verras maman, tu seras bien ». Je n’en connaissais rien mais en subodorais le thème. Je ne m’étais pas trompée.

L’auteur, à la cinquantaine et après le décès de sa grand-mère adorée décide de troquer son uniforme chic et classe de directeur d’une grande concession d’automobiles de luxe pour celui de directeur d’EHPAD (Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes). Il raconte son épopée dans un pavé de plus de cinq cents pages.  Je l’ai lu très vite grâce à sa fluidité et sa simplicité d’écriture. L’écriture, le style, la narration ne sont pas, en l’espèce, le plus important même s’ils sont de qualité. Non, ici, c’est le fond et seulement lui qui ont été de nature à retenir mon attention.

« La vérité tendre et glaçante d’un directeur de maison de retraite » annonce le bandeau rouge qui entoure le livre.

Beau résumé du récit qui oscille entre le sérieux des chiffres annoncés, des actions menées, des problèmes rencontrés et la drôlerie, parfois, de certaines anecdotes rapportées. A aucun moment je ne me suis ennuyée. L’auteur dit les heurs et malheurs de son nouveau métier, la hantise des TO (Taux d’Occupation) insuffisants, l’insuffisance du CRS (Coût des Repas Journaliers), la surveillance constante des résidents, difficile faute de personnels en nombre et de moyens à la hauteur. Il déplore les difficultés à organiser des animations de qualité tellement utiles et pourtant mises en place avec parcimonie, pour les mêmes raisons que celles évoquées plus haut. Malgré les belles histoires, certaines d’amour entre résidents, et autres moments de bonheur, le tableau est sombre qui se termine par un burn-out de l’auteur, après un EIG (Evénement Indésirable Grave). Incapable de mener à bien la mission qu’il s’était fixée, il n’a pu s’en relever.

Il est terrible de constater que les grands groupes à la tête de ces maisons d’accueil pour personnes âgées, la plupart du temps délaissées par leur famille, ne sont intéressés que par les chiffres et préfèrent dédier les bénéfices au plaisir de leurs actionnaires plutôt qu’à celui des personnels ou résidents. Ce plaidoyer m’a paru d’une grande objectivité, Jean Arcelin fait toujours la part des choses, apporte des arguments à charge, certes, mais aussi à décharge, et salue régulièrement le courage et l’abnégation des aides-soignant-es- et autres personnels des deux établissements qu’il a dirigés. Et last but not least, les chapitres de fin m’ont particulièrement séduite. L’auteur y explique son « Plan d’action », fort bien pensé mais sans doute, hélas, utopique si l’on pense « profit » et le presque dernier, fort utile « Comment bien choisir son EHPAD (et négocier ses tarifs !) ». J’y penserai le moment venu, si je suis encore lucide.

Un document riche en informations et nécessaire, même s’il fait parfois frémir, pour quiconque est touché par cette perspective de placement.

Editeur : XO
Date de Parution : 7 Mars 2019
Nombre de pages : 520

Un grand merci à Babelio et aux Editions XO pour cette lecture fort instructive.