C’est l’histoire d’un auteur que…

L’histoire… c’est celle d’un écrivain d’une quarantaine d’années à qui Ana, sa compagne, dit un jour : « Je crois qu’on ne peut plus continuer. » Et, s’en va. Il décide alors de partir dans la maison de ses parents décédés, perdue dans un village de Dordogne pour écrire un nouveau roman qui lui permettrait, en quelque sorte, d’écrire à Ana tout ce qu’il n’avait pas su lui dire et d’« inverser le cours de [leur] histoire… »

Entre miel et vitriol…

Et là où d’autres nous auraient proposé une bluette sirupeuse, Florent Oiseau, nous entraîne dans une réflexion sur l’amour et ses affres, sur ce qui compte dans la vie, à l’aide d’une plume trempée dans un subtil mélange de miel et de vitriol. J’aime cette manière qu’il a d’enterrer la tendresse, la nostalgie, la mélancolie, sous des monceaux de sarcasmes et d’autodérision. J’aime cette manière qu’il a de noyer le sujet principal dans une mer d’anecdotes que l’on pourrait qualifier de secondaires mais qui font tout le sel du récit. J’aime cette manière qu’il a de subrepticement dire son intérêt pour les petits, les inconnus, les sans grade, des personnages que l’on aurait tort de qualifier de mineurs tant ils ont leur importance. J’aime cette manière qu’il a de moquer, toujours avec gentillesse, les grands, les nantis, les « qui se croient au-dessus des autres ». J’ai aimé aussi cette manière qu’il a eue, d’égratigner avec retenue les salons littéraires et ceux qui les fréquentent. Sarcasme, autodérision…

Un roman, dans le roman…

Et puis j’ai aimé ce roman dans le roman, cette manière que l’auteur a de se confondre avec son personnage principal. Le fils Laurentis, auteur de son état lui aussi, ne porterait-il pas le prénom de Florent ? Finalement, je n’en suis pas très sûre, ou alors en second, peut-être. Peu importe, l’essentiel est aussi dans les souvenirs que crée la lecture de ce roman. Difficile désormais de passer devant une agence de la BNP, ou de manger un Pithiviers sans y penser.

J’ai trouvé « Tout ce qui manque » véritablement très réussi. Et du Florent Oiseau de ce tonneau, j’en redemande et j’attends déjà le suivant.

Editeur : Allary
Date de Parution : 17 août 2023
Nombre de pages : 218