app Avis : ★★★★★

Mes lectures se suivent et ne se ressemblent pas. Deux premiers romans… très différents. Je viens de refermer celui de Bénédicte Belpois, « Suiza » et je reste là, émue, sonnée, remuée, bouleversée.

J’ai trouvé ce roman remarquable.

Remarquable par la qualité de l’écriture tantôt âpre, saccadée, nerveuse comme le désir de Tomàs, tantôt douce, fluide, calme, tranquille comme l’amour qui s’installe et la sérénité de Suiza. Une belle écriture sensuelle, bestiale et en même temps parfaitement dominée.

Remarquable, aussi, par le talent de l’auteure à se glisser dans la peau d’un homme qu’elle choisit pour narrateur. Ce « JE » masculin écrit par une femme empêche toute velléité de crier au machisme.

Remarquable, encore, par les personnages tous attachants. De Tomàs à Suiza, en passant par Ramon l’aide de camp, le père de substitution, Lope, jeune employé « différent », homosexuel à l’allure de prince, doté d’une sensibilité extrême, véritable seigneur, Agustina, à la fois prostituée et mère elle aussi de substitution qui prend Suiza sous son aile et même Alvaro le tenancier du bar. Ils possèdent ce petit quelque chose, ces fêlures, ces fragilités qui les rendent touchants, captivants, émouvants.

Remarquable, toujours, par le choix du décor : La Galice, Santiago, son Cap Finisterre, son soleil, sa pluie, la mer et les gaïtas. La Galice, « ma » Bretagne espagnole magnifiquement décrite dans les détails de sa diversité.

Remarquable, également, par l’intérêt de l’intrigue. Cette histoire qui passe petit à petit de la violence du désir à un amour profond, à une délicatesse des gestes, à un besoin d’entourer, de comprendre, de choyer. Chacun des deux protagonistes donne ce qu’il a en lui. Suiza fait rutiler la maison, nourrit, décore, peint ses ressentis et Tomàs transmet la douceur à laquelle il s’éveille petit à petit sous la houlette de Lope.

Remarquable, enfin, par le dénouement dont je ne vous dirai rien.

Editeur : Gallimard (Blanche)
Date de Parution : 7 Février  2019
Nombre de pages : 256