Oui, encore un « 5 étoiles » !

« Ma chère Evelyne, Il est trois heures et demie du matin si j’en crois ma montre, heure à laquelle, par temps d’insomnie quelques mois plus tôt, tu m’avais écrit pour me dire qu’ensemble nous ferions vraiment quelque chose de bien. Je ne sais pas si sans toi j’ai fait quelque chose de bien… »,

c’est ainsi que Caroline Laurent s’adresse à Evelyne Pisier à la presque fin du roman « Et soudain la liberté ».

Ma réponse, Caroline, est OUI.

OUI, vous avez fait quelque chose de bien et même de très, très bien.

OUI, j’ai été sensible au destin hors normes de ces deux femmes qui ont traversé le XXème siècle.

Caroline Laurent est directrice littéraire aux éditions Les Escales et c’est dans ce cadre qu’elle rencontre Evelyne Pisier, auteur d’un texte qu’elle souhaite publier. Une amitié incroyable va naître entre ces deux femmes et le récit d’Evelyne sera terminé au-delà de sa mort par Caroline… Elle lui en avait fait la promesse.

Dans ce roman, fort riche, j’ai tout aimé. J’ai aimé la vie romanesque de Mona, la mère d’Evelyne, et par là même celle de la fille. Elle nous emmène d’Indochine en Nouvelle Calédonie, de Nice à Paris. Elle nous fait revivre le passé colonial de la France… et l’histoire transcende l’Histoire. J’ai aimé la transformation de Mona après sa lecture du « deuxième sexe » de Simone de Beauvoir, sa soudaine envie de liberté, son besoin de se battre sur tous les fronts, son envie de militantisme. Elle va s’attaquer à tout ce qui peut libérer la femme : le droit à l’avortement, le planning familial. Et puis la fille prend le relais, suit le chemin tracé même si les relations avec sa mère sont parfois complexes. C’est ainsi que Lucie – Evelyne – part à Cuba avec un groupe de jeunes étudiants communistes et entretient une liaison amoureuse avec le grand Fidel. Mais surtout j’ai aimé, mêlées au récit, les réflexions de Caroline Laurent qui, en train d’écrire, s’adresse à Evelyne. J’ai aimé ses doutes, ses demandes d’aide par-delà la mort, elle la convoque, lui parle, se pose, lui pose des questions. J’ai aimé cette sensibilité, cette amitié sans failles, ce respect de la promesse : terminer le roman. En lisant, j’entends la voix douce de Caroline et revois son sourire lors de notre rencontre au livre sur la place à Nancy. Elle irradiait du bonheur d’avoir accompli sa tâche, d’être allée au bout, de n’avoir pas failli.

Un livre très fort, un vrai bonheur de lecture.

Editeur : Les Escales
Date de parution : 31 Août 2017
Nombre de pages : 448