Ecriture vive et cinglante.

En effet, l’écriture est parfaitement adaptée au thème, elle est vive et cinglante. Elle traduit à merveille toute l’horreur que vit cette jeune fille arrivée de son Bénin natal, porteuse d’un lourd secret, dans un camp de transit au Sud de la Tunisie. Là elle rencontre Loubna, une Syrienne, qui va la prendre sous son aile et le Docteur Andréa, mais ça ne suffira pas. Hélas, elle n’obtient pas du Haut Comité aux Réfugiés (le HCR) les papiers nécessaires pour son départ vers le nord, l’Europe, qu’elle convoite pour enfin vivre. Prête à tout pour réaliser son objectif, elle va endurer le pire, s’acoquiner aux plus terribles, risquer sa vie pour gagner la destination de ses rêves.

Roman d’une grande force.

Ce roman est d’une grande force qui nous plonge au cœur de ce camp de migrants et nous oblige à vivre le pire aux côtés de ceux qui y sont parqués, à nous poser des questions, à nous remettre en cause. Il nous montre à quel point le monde est mené par des gens sans scrupules, les passeurs qui gagnent leur vie en exploitant les plus démunis, la police qui ferme les yeux voire se laisse soudoyer. A la lecture de la vie de Nour et de tous ceux qui l’entourent, il est impossible de baisser les yeux, sinon à se sentir honteux.

Au cœur de la noirceur, un brin de poésie.

L’auteur, qui n’hésite pas, au milieu de cette noirceur, à citer le poète persan Omar Khayan auquel il a emprunté le titre de son ouvrage, réussit cet exploit de mêler la beauté à la laideur, une certaine douceur à l’horreur la plus absolue, un regard éploré à des gestes malheureux. A coup sûr, Nour fait partie de ces héroïnes que je n’oublierai pas.

Un premier roman très réussi