Preuve s’il en est, ce roman que je viens de terminer. Il est arrivé un jour par surprise dans ma boîte à lettres. Il venait de Bretagne, envoyé par une amie lectrice qui souhaitait me faire partager l’un de ses « 5 étoiles ». C’est ainsi que j’ai découvert un auteur dont je ne connaissais pas même le nom, honte à moi. Je n’avais, en effet, jamais lu David Lelait-Helo.

« Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri », son roman autobiographique, est mon premier Coup de Foudre de l’année 2018.

« Je ne lui dirai pas que je connais chacune de ses chansons, de tout temps et en toutes langues. Je ne dirai rien parce qu’on ne dit rien quand il y a trop à dire. » Comme Milou, face à son idole, je reste muette devant cet ouvrage qui m’a totalement bouleversée. Comment dire quand les mots débordent, se mélangent, quand les sentiments sont si forts, que l’écriture est si belle. Tout à coup, les expressions me manquent, aucune ne semble assez riche, suffisamment précise. Toutes se révèlent trop chétives, sans âme, dénuées de puissance.

Pourtant on pourrait croire l’histoire banale, qui est racontée dans cet ouvrage au titre improbable. Le rêve d’un enfant de douze ans, Milou,  touché au cœur par la voix de Nana Mouskouri au point de vouloir devenir « elle », ça peut porter à sourire. Oui, mais c’est sans compter sur le talent de l’auteur, le narrateur en l’occurrence. Sa plume est d’une élégance rare, d’une fluidité musicale et poétique incomparable, d’une sensibilité hors du commun. Nul trace d’eau de rose, mais un amour passion, fusion, à fleur de peau pour sa Mamie Aimée qu’il accompagnera jusqu’au bout « Je prends la robe aux imprimés bleu et blanc… Je les remets quelques instants plus tard au personnel de l’hôpital ; personne ne s’étonne qu’un gosse se soit chargé des détails de la dernière toilette, on m’a vu accroché à elle depuis trois semaines… je lui redis cet amour plus grand que mon cœur de gosse. » Car c’est sa vie à Milou, sa grand-mère et Nana.

N’allez pas croire pour autant que ce récit soit centré sur la mort. Non, il regorge de vie et se veut optimiste. Véritable roman initiatique, ce petit texte narre avec pudeur des douleurs des enfants différents, victimes des sarcasmes, moqueries et autres violences, dit la peine et le chagrin mais aussi le désir et le courage de garder la tête haute, toujours, et surtout de conserver son rêve.

Partageant totalement les propos de Fatou Diome : « Offrir des livres ou donner des conseils de lecture est un exercice périlleux : quand on se trompe, on passe pour idiot ou prétentieux. Et il est facile de se tromper, car chacun se prosterne à l’hôtel de sa propre sensibilité. », il n’est pas dans mes habitudes d’inciter à découvrir un ouvrage dont je viens de parler. Et pourtant…

Sublime !

Editeur : Anne Carrière
Date de parution : 13 Octobre 2016
Nombre de pages : 222

Est paru également chez Pocket le 5 Octobre 2017