C’est Taïna qui raconte.

Taïna, la narratrice, née juste après sa sœur jumelle Anacaona, avait une marque sur le front, celle des « béhiques », ou chamanes. Et cette distinction l’a sauvée d’une mort annoncée car « Jamais des jumelles n’avaient eu droit à la vie…Les bébés…qui avaient le malheur d’arriver en deuxième position n’étaient pas gardés. »  C’est elle, Taïna, de la famille des Taïnos, qui va nous raconter l’histoire de son peuple. Elle a appris à parler l’espagnol puis à le lire et à l’écrire. Elle raconte l’arrivée sur l’île de Christophe Colomb et de ses hommes, de son départ à lui et de l’installation de ses hommes dans un fort. Elle va nous raconter la fabuleuse histoire d’amour, entre elle l’autochtone et Diego de Arena l’étranger, le seul à avoir survécu après l’incendie du fort.

Une très belle écriture, un récit qui a tout d’un conte.

A l’aide d’une très belle écriture, imagée, poétique, et d’un phrasé qui rappelle celui des contes, « Lors de son dernier voyage, (il est ici question de Bartolomé de Las Casas, homme d’église espagnol et missionnaire qui défendit les peuples envahis) il a lu le début de mon récit et bien qu’un peu étonné que je raconte cette histoire comme si nous étions autour d’un feu de village… »  Frédérique Deghelt m’a emportée sur cette île, m’a appris les us et coutumes de ce peuple qui vivait heureux et en paix avant l’arrivée des étrangers. Inspirée par des écrits réels de conquérants ou encore de ceux de Bartolomé de Las Casas, intégré dans les personnages de son ouvrage, elle rapporte précisément les ignominies perpétrées par les envahisseurs. Les chiffres qu’elle donne des crimes sont impressionnants.

J’ai parfois été gênée par un retour incessant vers un lexique abondant. Pour autant, cette lecture laisse en moi un plaisir lié à la superbe plume de l’auteure et un grand intérêt pour l’histoire d’un peuple que je ne connaissais que succinctement au travers des manuels scolaires.