Et, quel final ! Le premier roman de François Pieretti, « Saltimbanques », m’a transportée, émue aux larmes, remuée, troublée, enchantée. Je viens de tourner la dernière page et je ne sais pas comment vous dire, je ne sais trop par où commencer. Bref, je suis sans voix.

Pourtant, quelques mots continuent de me trotter dans la tête :

  • Frère : Nathan, l’aîné quitte très jeune la maison familiale, lassé des relations difficiles qu’il entretient avec son père. Outre ses parents, il laisse derrière lui son petit frère Gabriel, huit ans, pour partir vivre sa vie à Paris. On ne peut pas dire que cette vie soit magnifique, faite de petits boulots, sans véritables amitiés. Il lui arrive de revenir mais Gabriel semble avoir tiré un trait sur l’absent. A chaque retour de ce dernier il s’arrange pour déserter. Mais « Saltimbanques » c’est aussi, nous allons vite le constater une histoire de frère de cœur, tel Bastien qui connaissait bien Gabriel « Bastien ressemblait à un frère d’armes dans la déroute ».

 

  • Deuil : Lorsque le roman débute, Nathan est à nouveau en route vers les siens. Mais cette fois, Gabriel aura définitivement disparu. Il s’est tué dans un accident de voiture. Il avait dix-huit ans, venait de passer son bac et ne saurait jamais s’il l’a obtenu ou non. Nathan ne va avoir de cesse de rencontrer ce frère qu’il ne connaissait plus, d’essayer de comprendre qui il était. « Il fallait que je parte à la recherche de Gabriel. Tout sauf cette vision floue de l’enfant frondeur qu’il n’était plus depuis longtemps. » C’est à un travail de deuil que nous convie l’auteur.

 

  • Amour : L’amour m’a semblé présent partout. L’amour parental mal exprimé, souvent tu même, caché dans les recoins. L’amour fraternel d’un grand pour un petit, trop inconnu. L’amour charnel pour Appoline, aimée, désirée de tous, y compris de Nathan, Bastien, elle, amoureuse de Gabriel. Des amours malheureuses, compliquées, niées, laissées à l’abandon.

 

J’ai aimé ce récit pour ses personnages, tous cabossés par la vie, et particulièrement Nathan qui semble survoler la vie, indifférent à tout et pourtant… . Une galerie majestueuse d’hommes et de femmes qui se battent pour vivre tant bien que mal, qui aiment mal, qui vivent mal mais qui avancent. Je l’ai aimé pour l’absence de pathos. Tout est fin, élégant dans l’expression du chagrin des uns et des autres, digne, tout en retenue. Je l’ai aimé pour ces « Saltimbanques », troupe dans laquelle Gabriel a trouvé sa voie, une famille, troupe qui accueille Nathan dans sa recherche du passé. J’ai aimé l’écriture de l’auteur, fluide, belle, toujours nuancée.

Il m’a bouleversée, au point de ne pas mentionner un petit bémol, le séjour breton. Marie, Christian, le chien et tout le reste, un moment hors du temps, de l’histoire, mais peut-être était-ce un passage obligé entre la mort et la vie ?

Un premier roman superbe qui m’a laissée, le temps de sa lecture, les larmes au bord des yeux mais un immense plaisir de lecture.

Editeur : Viviane Hamy
Date de parution : 17 Janvier 2019
Nombre de pages : 232

Roman lu dans le cadre de l’association « 68 Premières Fois »