Un hôtel tenu par Jésus…
Je dirais même plus ! Pénétrer dans l’hôtel tenu par Jésus, rencontrer ses pensionnaires, les entendre parler – oui, je sais, c’est un livre, mais je les ai quand même entendus – fut un enchantement. Le nouveau roman de l’auteur nous immerge d’emblée dans la vie d’une troupe de « petites gens », quelques rebuts de la société, des jeunes, des vieux, un chanteur ringard, une marchande d’encyclopédies… « la France d’en bas » aurait dit quelqu’un, « des sans dents » aurait ajouté un autre… et j’allais oublier :
« …Suzanne une vieille odeur qui rampait sous les portes et Alphonse un sous-homme perdu au fond d’une bassine qui n’en finissait plus de s’évaporer. »
Tout allait presque bien entre eux et puis Jolene est arrivée ! Jolene, surnom donné à cette jeune femme que personne ne connaît, Jolene, comme le titre du morceau de Dolly Parton qui sort et ressort du juke-box à sa demande.
Love at first sight…
« Love at first sight », donc, pour ce nouveau roman d’un auteur jamais ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Ni tout à fait le même, l’histoire est différente des précédentes, édifiée autour d’un nombre important de personnages qui vivent en colonie, se rapprochent, se réchauffent, unissent leurs différences, leurs trop ou pas assez. Ni tout à fait un autre par son humanité, l’amour de ses enfants qui se font même une place parmi les personnages, sa manière de nous faire rire aux éclats,
« On a pensé le (Gérard, le résistant trouvé dans le grenier, momifié) mettre sous le tapis du salon… Mais il n’y avait pas vraiment de salon chez Jésus et pas vraiment de tapis non plus »
puis de pleurer subrepticement
« Jolene a réussi à créer un nous avec des gens qui n’étaient jamais parvenus à être un je »
Ni tout à fait un autre par les références musicales et littéraires semées ici et là, entre rock et poésie, par les rappels de ses précédents ouvrages, ici une vieille qui promène son chien, là « …cet homme…le visage camouflé par une grande écharpe. »
Editeur : Aux Forges de Vulcain
Date de Parution : 21 Août 2020
Nombre de pages : 414
Un grand merci à Olivier BIHL pour le prêt de ce roman dans le cadre des livres voyageurs des « Explorateurs de la rentrée littéraire 2020 » initié par le site Lecteurs.com que je remercie également ainsi que les Editions Aux Forges de Vulcain.
Je n’ai pas encore lu l’auteur mais « Une bouche sans personne » est dans ma pal…
Ce n’est pas un écrivain qui plaît à tout le monde et pour ma part, ce n’est pas ce premier roman qui est mon préféré. Mais je suis fan de l’univers de Gilles Marchand. Son écriture me transporte.