« C’est un beau roman, c’est une belle histoire… ». J’aurais envie de dire, c’est même beaucoup plus que ça. De l’auteur, je n’ai pas tout lu, mais à chaque fois, son écriture m’a fascinée. Je pense notamment à « L’amour sans le faire », et son personnage principal, Franck, véritablement bouleversant.

Ici, c’est Ludovic le héros, gentil géant de 102 kilos pour 1m95. Veuf, il a quitté sa campagne du Sud-Ouest pour monter à Paris et travailler dans une société de recouvrement de dettes. Dans sa cour d’immeuble, il rencontre Aurore, une voisine certes, mais pas du même escalier, mais à cent lieues de sa vie, de son univers. Elle est styliste, mariée à Richard un brillant ingénieur américain et maman de jumeaux. Elle est belle, fine et toujours élégante quand lui ne trouve pas de vêtements à sa taille. Et alors…

N’imaginez pas pour autant une histoire à l’eau de rose. Serge Joncour ne parfume pas ses textes de cette fragrance.

C’est beaucoup plus fin, plus tendre, c’est ciselé, gracieux et profond à la fois. J’ai aimé son écriture changeante. Elle peut être poétique « Elle se disait qu’à chaque fois qu’ils se verraient ce serait une pure parenthèse, comme un dépaysement, des îlots parsemés dans sa vie, elle passerait d’île en île, attendant la prochaine dans le souvenir de la précédente ». Puis elle passe en mode humour et nous entraîne dans la cabine d’essayage d’un Monoprix où Ludovic se trouve en prise avec pantalons et jeans qui décidément ne veulent pas de lui. Elle se fait tendre pour décrire les caresses, crue dans certaines scènes de sexe ou violente quand Ludovic sort de sa placidité habituelle.

J’ai aimé le regard porté par l’auteur sur ses personnages, un regard objectif, sans jugement, bienveillant. J’ai aimé ces personnages plus ambigus qu’il n’y paraît, forts et faibles en même temps. J’ai aimé l’art avec lequel le romancier décrit le vertige amoureux, les rapports sur le fil, les peurs et la tolérance. Il n’a pas son pareil pour nous parler de la vie actuelle, des difficultés des agriculteurs croulant sous les dettes, des hommes d’affaires toujours prêts à écraser leur voisin pour prendre sa place, des pauvres gens endettés.

L’amour, chez cet auteur n’a rien de fade, rien de banal. Il est lumineux et total, fait fi des différences et défie les vicissitudes de la vie. Il nous emporte, nous fait rêver, nous redonne le moral et foi en l’humanité.

J’avais raison : « C’est un beau roman, c’est une belle histoire… » et même beaucoup plus que ça.

Editeur : Flammarion 
Date de parution : 17 Août 2016
Nombre de pages : 432

Paru également en format poche, le 24 Septembre 2017 aux Editions J’ai lu (503 pages)