« Je suis la mère… »

« Je suis la mère. La femme vieillie prématurément… Ma vie s’est déroulée derrière des murs et des voiles, dans la soumission des hommes… On va tuer ma fille…Mon fils va tuer ma fille et je ne m’y opposerai pas…J’ai depuis trop longtemps accepté les règles. »

Tout est dit dans ces paroles de la mère. Pourquoi tuer sa fille ? Parce qu’elle a fauté. Parce qu’elle a eu, hors mariage une relation avec son amoureux. Il est parti au combat, il est mort, elle est enceinte de ce seul acte d’amour. Il faut laver l’honneur.

Ecriture sublime…

A peine acquis, j’ai ouvert « Que sur toi se lamente le Tigre » d’Emilienne Malfatto, Prix Goncourt du premier roman. Je ne l’ai pas refermé avant la fin, avant d’avoir parcouru les seules soixante-huit pages. L’écriture est sublime de ce récit qui se déroule le long du Tigre et nous enveloppe de ses mots simples et envoutants. Tel un chant funèbre, une mélopée, chaque membre de la famille apparaît. Comme les personnages d’une tragédie, ils disent, expliquent, se lamentent. Le Tigre est là, qu’il soit d’eau ou de griffes et Gilgamesh aussi ce héros de l’antiquité. Le noir et le rouge dominent, le noir des voiles et le rouge du sang qui coule.

L’auteure nous raconte l’Irak, celui de la campagne, les interdits et les préceptes ancestraux. De son écriture d’une subtile élégance, d’une grande poésie, elle nous conte la vie des femmes, l’autorité des hommes, les heurs et malheurs d’un peuple.

« Que sur toi se lamente le Tigre » un petit récit qui a tout d’un grand, un véritable coup de foudre pour ce qui me concerne.

Editeur : Elysad
Date de Parution : 3 Septembre 2020
Nombre de pages : 80