Cassandre…

Malgré son joli prénom – de mon point de vue – et sa réputation de grande beauté dans la mythologie, Cassandre n’est pas vraiment heureuse. Ses cheveux roux et frisés lui valent le surnom de « caniche » de la part de ses camarades de classe qui ne l’épargnent pas. Elle est amoureuse de Camille un garçon magnifique, passionné par les chevaux. Elle a treize ans et décide de consulter un voyant, elle veut savoir si Camille Leygues va l’aimer…Oui, il l’aimera, Jacques Marrant est formel. Mais les cinq autres prophéties qu’il lui assène

« …gravitent à l’intérieur de [son] crâne comme des derviches. La première est une bombe à retardement : Le monde s’effondrera en 2023, l’été de [ses] quarante-deux ans. »

C’est ainsi que ce récit nous raconte sa vie en dix chapitres de son enfance à sa mort.

Ecriture magique…

Ce qui, dans ce roman, emporte tout, rend l’histoire attachante et m’a fait vibrer de bout en bout, c’est l’écriture, l’écriture toujours aussi magique de l’auteure. C’est une écriture profonde, envoûtante qui plonge le lecteur dans l’intimité de ses personnages. Elle est sèche et poétique à la fois, imagée, implacable, elle dit le malheur, le malheur des hommes mais aussi le malheur de la terre. Car le destin de Cassandre, c’est aussi le destin du monde jusqu’à sa perte, la destruction des arbres et du reste, une vision noire, ou peut-être lucide, de ce qui l’attend et nous aussi. Julie Estève n’a pas son pareil pour analyser le cœur, les tripes de chacun. C’est un texte qui nous parle d’amour et de mort, d’écologie aussi.

Et, last but not least, j’ai beaucoup aimé la fin qui ouvre une fenêtre d’espoir, l’espoir de l’amour toujours présent, l’amour là où il faut, quand il le faut.

Un magnifique roman, un coup de foudre.

Editeur : Stock
Date de Parution : 12 Janvier 2022
Nombre de pages : 208

Roman éligible pour le Prix Orange du Livre 2022, lu en qualité de membre du jury.