Cette journaliste, grand reporter au figaro est spécialiste du Moyen-Orient. Elle vit actuellement à Istanbul et c’est là, sur Facebook, qu’elle découvre une « photo intrigante », ce sont ses mots. La photo n’est pas claire, elle y voit des hommes entourés de murs de livres…

Elle veut comprendre, savoir, et finit par retrouver la trace d’un des fondateurs de cette bibliothèque clandestine, Ahmad, avec lequel elle va entretenir pendant quatre ans des contacts réguliers et qui lui apporte des nouvelles de Syrie. Ce sont de jeunes révolutionnaires syriens, pacifistes, qui ont réussi à sauver des milliers de livres des décombres. Ils en ont fait une bibliothèque, une bibliothèque clandestine, installée dans un souterrain dans la banlieue de Damas, constamment bombardée…

« Bachar al-Assad avait fait le pari de les enterrer tous vivants. D’ensevelir la ville, ses derniers habitants. Ses maisons. Ses arbres. Ses raisins. Ses livres.

Des ruines, il repousserait une forteresse de papier.

La bibliothèque secrète de Daraya. »

Inlassablement, ces jeunes qui ne veulent pas de la pensée unique, vont sauver et sauver encore des livres et pourtant ce n’était pas des lecteurs… c’est la guerre, disent-ils, qui leur a appris à lire. Ils découvrent ainsi des poètes arabes, mais aussi « Le Petit Prince ». Quand ils ont faim – ils se contentent souvent d’une soupe de feuilles bouillies – ils lisent pour oublier. Ils apposent sur la première page de chaque ouvrage le nom de son propriétaire pour… plus tard.

Ce document, précieux, donne le vertige d’une vie que l’on ne peut imaginer. Et l’on se rend compte, avec honte quelque part, que tout ça, oui, on en avait entendu parler. Mais qu’en a-t-on fait ? Eux, ces jeunes instruits pour beaucoup, ont choisi l’insoumission – et non pas le terrorisme – ils ont choisi la liberté et les livres en sont une belle métaphore.

Inutile de parler de la forme et du style qui n’ont pas d’importance capitale, le fond emporte tout… jusque dans la chute. Le 12 septembre 2016, ils, Ahmad et ses amis, seront forcés d’évacuer la ville et emmenés en bus à trois cents kilomètres de Damas près de la frontière avec la Turquie… et…

« Malgré les craintes d’Ahmad, les livres n’ont pas terminé au bûcher. Mais c’est peut-être pire : après avoir découvert l’agora secrète, les soldats du régime l’ont pillée pour revendre à bas prix les ouvrages sur le trottoir d’un marché aux puces de Damas…. Quatre ans de sauvetage du patrimoine de Daraya troqués contre quelques pièces de monnaie. »

Les livres ont été reconnus grâce aux noms des propriétaires notés sur la première page.

C’est chouette d’avoir un fils conseiller en vente librairie – domaine des sciences humaines – à la Fnac… Un immense merci Alexandre pour ce très beau cadeau. Je pense ne pas oublier cette lecture de sitôt.

 

Editeur : Seuil
Date de parution : 19 Septembre 2017
Nombre de pages : 160