Il y a d’abord la couverture, ce regard, un regard droit, perçant, un regard qui vous scrute, un regard qui vous happe.

Et puis quand vous ouvrez le livre il y a les mots. Ils m’ont aussi tout de suite emportée, ces mots, cette lettre « V », comme ville, celle où Sacha va s’installer, V comme vivre, vouloir, voyager, vagabonder… « Par les routes », le dernier roman de Sylvain Prudhomme, porte bien son titre et a réussi à m’emmener avec lui sur les routes de la vie.

Pourtant, je ne sais trop comment écrire ce que j’ai ressenti. Alors je vais faire simple et tenter de remettre en ordre tous ces articles, noms, adjectifs et verbes à l’infinitif qui valsent dans ma tête et vous dire :

J’ai aimé les personnages. Sacha, écrivain, a quarante ans. Il a décidé de repenser sa vie, changer d’air, déménager à V., seulement lesté de deux sacs. Il s’installe dans un petit appartement aux murs vert amande. L’autostoppeur, un ami perdu de vue depuis une quinzaine d’années, vit aussi à V., possède sa petite entreprise de bricolage en tout genre et continue de courir les routes de France. Marie, sa femme, douce et tranquille, traductrice, qui accepte les départs réguliers de son homme et Agustin, leur fils, enfant solaire, qui s’accommode de la situation.

J’ai aimé l’écriture de l’auteur, sobre et élégante, parfois mélancolique, sa manière de raconter sans asséner, sans juger. Il est question de routes, de gens rencontrés par hasard, de voitures trouvées sur une aire d’autoroute. Il est question d’amour, d’amitié, d’hospitalité, de fuites et de retours. Et l’amour danse et varie, et les fuites deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus longues. L’amour de l’autostoppeur pour Marie demeure et pourtant il s’en va. L’amour de Marie demeure et pourtant petit à petit il se modifie. Julien déserte le nid et Sacha s’y installe, subrepticement, comme si  Julien organisait sa fuite finale. Il y a dans ce roman une belle ode à la liberté, une atmosphère, une certaine monotonie qui jamais ne m’a ennuyée mais toujours enveloppée.

En un mot j’ai aimé et même plus cette histoire étrange où finalement pas grand-chose ne se passe mais où les sentiments persistent, les envies s’exacerbent, les gens se rencontrent et se détachent. Et puis, ce n’est pas tous les jours que je peux voir écrit dans un roman : « Je me suis demandé où il était, à cet instant précis. Sur un panneau j’ai aperçu les capitales noires du nom Châteaubriant. » Qui connaît encore cette petite ville ? Ma ville natale, celle de mon enfance et de ma jeunesse.

« Par les routes », un roman envoûtant jusqu’au final pour le moins fantastique.

Editeur : Gallimard (Collection L’Arbalète)
Date de Parution : 22 Août 2019
Nombre de pages : 304

« Par les routes » a obtenu le Prix Landerneau et le Prix Femina 2019.