Il ne s’agit pas d’un roman.

Une chronique, c’est une manière de dire pourquoi j’ai aimé ou pas, pourquoi j’aurais préféré… Et là, ce n’est pas pareil. Ce nouvel opus de l’auteure n’est pas un roman. C’est une plongée dans son propre passé, dans une vie d’avant dont elle a peu de souvenirs. Elle nous raconte ses huit ans et l’horreur d’un accident de voiture. Ses parents sont décédés, son petit frère et elle  ont survécu.  Comment lire un tel texte sans avoir à la fois la boule au ventre et le cœur serré ? Et pourtant, c’est une admiration sans borne pour cette petite Alexandra devenue grande, professeure de lettres classiques et magnifique auteure qui se fait jour.

Un texte admirable.

Admiration car Alexandra Koszelyk réussit l’exploit, en se racontant, de nous parler à nous, ses lectrices et lecteurs. Toute sa vie est là, sous nos yeux : la résilience, le pouvoir des mots et de la littérature, son travail d’auteure, l’Ukraine, son pays d’origine, dont elle porte haut et fort les couleurs, sans oublier son métier d’enseignante. C’est un texte profond, une réflexion personnelle sur la lecture « Ouvrir un livre est le même geste que celui d’ouvrir un cercueil et de [me] plonger dans le froid du tombeau… » sur l’écriture aussi, histoire de retrouver ces « Pages volées », qui nous est proposé.

Un récit bouleversant.

Admiration car elle possède l’immense talent de faire de ce récit intime et pudique à la fois, un ouvrage lumineux, peuplé de références littéraires et musicales, ouvert sur le monde. Une lecture bouleversante qui m’a ramenée quelques quarante ans en arrière quand une petite Marion – visage piqueté de taches de rousseur et encadré de boucles blondes – est arrivée dans ma classe de Cours Préparatoire, quelques jours après la mort de sa maman dans un accident de voiture.

« Pages volées » ou comment réparer le passé pour vivre un présent serein et envisager un avenir heureux. Un ouvrage que je ne pourrai oublier.