En effet, le nouveau roman d’Olivier Bourdeaut raconte une histoire d’hommes et … de sel.
Michel, agent immobilier, est citadin, élégant, plutôt aisé. Il roule en Porsche et aime boire jusqu’à l’ivresse. Jean a quitté Paris pour se retrouver dans les marais salants de Guérande. Paludier, cueilleur de sel, il aime la nature et son métier. Peu intéressé par la mode, il préfère se balader en Brière plutôt que d’arpenter les avenues chic de La Baule, mais aime bien boire aussi. C’est dire si ces deux personnages sont différents, excepté leur goût commun pour les alcools forts. Leur rencontre, pour le moins originale va donner lieu à des situations mouvementées dont je n’entends pas dévoiler les tribulations. J’oublie le personnage d’Henri, ami passager de Jean lors de son séjour à Paris, fantasque et lyrique, dont je n’ai pas bien compris le rôle.
Cette lecture me laisse intriguée tant j’ai eu l’impression de nager entre deux eaux, de passer de l’enchantement à la déception, du plaisir à l’agacement, de l’admiration à l’ennui parfois. J’ai beaucoup aimé le décor, de rêve, premier personnage à mes yeux, essentiellement marin malgré quelques incursions dans les rues et les chambres de bonne de la capitale. Les marais salants, terrain de jeu de mon enfance, le ciel changeant et les clochers du Croisic et de Batz-sur-Mer. Ces marais, aussi beaux que traitres, avec leur croûte sèche et craquelée qui cache une vase lourde et collante capable de vous engloutir si jamais vous avez la mauvaise idée d’y mettre le pied. Et puis, il y a La Baule et le charme de son fameux palace « L’Hermitage », sa plage de sable fin et le luxe de ses villas.
Et, si j’ai trouvé dans l’écriture des passages intéressants « Des déclarations de toutes sortes, des fiches de paie, des bons de commande, des relevés bancaires étaient en train de profiter de l’été. Certaines se baignaient en faisant la planche, d’autres bronzaient dans les hautes herbes, certaines déambulaient même le long des talus avec des allures de cerfs-volants miniatures. », ou poétiques, « A ses pieds s’étendait une galerie de miroirs froissés de friselis qui mélangeaient orange et rouge du ciel en une couleur d’orange sanguine. », elle m’a semblé plutôt lourde, ampoulée, trop désuète, trop travaillée pour être fluide. Et, malgré les dialogues enlevés, elle n’est pas parvenue à m’emporter complètement.
Editeur : Finitude
Date de Parution : 4 janvier 2018
Nombre de pages : 256
Il semble y avoir un grand décalage entre « En attendant Bojangles » et ce dernier roman! Ayant lu ta chronique, je l’aborderai sans en attendre autant, mais en espérant tout de même retrouver cet auteur qui m’avait fascinée.
Mais il est tout à fait possible que ce soit le cas, Mireille. Mais bizarrement, cette fois, le travail d’écriture m’a paru trop visible et ça m’a dérangée. Cela étant, il y a de bonnes choses.