Avis : ★★★★
Deuxième livre de la rentrée littéraire de septembre que je découvre en avant-première, « Où bat le cœur du monde » de Philippe Hayat, s’écoute tout autant qu’il ne se lit, tant le jazz y est présent dans ses moindres croches, riffs et autres glissandos.
L’auteur nous raconte, en effet, l’histoire de Darius Zaken, fils de Sauveur, libraire, et de Stella. Ils vivent heureux à Tunis dans les années trente. Heureux jusqu’à ce que Sauveur soit tué dans sa librairie et Darius frappé de mutisme face à ce drame. Sa mère Stella, désormais seule pour l’élever, veut faire de lui un érudit et se bat pour que, malgré son handicap, il intègre de grandes écoles. C’est sans compter sur une clarinette écoutée un soir de concert…
« … Au centre de l’orchestre, un homme se leva. Darius fixait l’instrument entre ses mains, un tube noir constellé d’éclats de métal évasé à l’extrémité, ni flûte, ni trompette… l’homme debout posa quelques notes. Son trait fut d’une telle douceur qu’il cloua Darius sur son siège. L’homme venait de fendre le silence et tout devint lumineux. L’émotion qu’il libéra submergea Darius. »
A partir de ce moment magique, la vie de Darius va changer…
J’ai aimé l’écriture musicale, travaillée à l’extrême jusqu’au lyrisme qui fait à la fois danser, monter les larmes et battre le cœur plus fort. J’ai aimé la construction qui nous invite au voyage aux côtés de Darius, et de tous les grands musiciens de jazz américains de Tunis à New-York en passant par l’Italie, sous l’uniforme étoilé, et Paris. Des musiciens dont j’ai eu plaisir à retrouver les notes, particulièrement Max Roach et ses solos de batterie. J’ai aimé l’étude toute en finesse des sentiments qui lient la mère et le fils, et le départ obligé de ce dernier pour vivre sa vie d’homme et sa passion : une histoire d’envol.
Une lecture passionnante, malgré quelques longueurs – de mon point de vue – dans les détails techniques développés à l’infini. Ces précisions multiples m’ont parfois ennuyée. Et cela, malgré la passion qui s’en échappait, et l’intérêt que j’y porte.
Editeur : Calmann-Levy
Date de Parution : 14 Août 2014
Nombre de pages : 429
Ce livre a été lu en avant-première grâce au magazine « Page des libraires » et aux Editions Calmann-Levy que je remercie chaleureusement.
Tu restitues parfaitement ce que j’ai ressenti avec cette lecture. Bravo
Je crois qu’en effet, nous avons le même ressenti sur ce bouquin.