Lorsque nous faisons la connaissance d’Etienne, au début de l’histoire, nous apprenons qu’il vient d’être libéré. Photographe de guerre en reportage dans une ville en plein chaos, il avait été pris en otage. L’auteur nous entraîne alors à sa suite dans sa tentative de revenir à la vie.

On assiste, en effet, à son retour dans le village de son enfance, à son installation près de sa mère Irène, de son ami Enzo resté là à travailler le bois. Et puis il y a Jofranka, « la petite venue de loin » qui faisait partie du trio. Et Emma, la femme qu’il a aimée – aime toujours ? – qui  l’a aimé,  mais n’a plus supporté ses éternels départs, les attentes, la peur. On est surtout témoin d’une véritable mise à nu, d’un questionnement sur le sens de la vie, de notre vie.

C’est un roman court, dense, qui interroge sur la part d’otage de chacun, mais aussi sur la difficulté de vivre sa vie en laissant les autres au bord du chemin.

Ce magnifique roman est servi par une écriture, comment dire, ondoyante

En lisant, j’avais l’impression d’être portée par une eau mouvante et caressante, de voguer au gré des mots.

J’imaginais une plage, le ressac, et les mots qui lentement montent et descendent, enveloppent. Les phrases sont brèves, simples et cette simplicité en fait toute sa force. Jeanne BENAMEUR est semblable  à l’auteur pour lequel Enzo a confectionné un bureau et dont il dit :« cet homme travaillait les mots comme lui le bois. Il devait les sentir d’abord, savoir bien d’où ils venaient, suivre leur trajet à l’intérieur de lui-même avant de les écrire sur le papier.« 

Finalement un seul mot eut suffi en guise de chronique pour « Otages intimes », un récit qui résonnera longtemps en moi : Aimer. Mais est-il assez fort ?

Editeur : Actes Sud
Date de Parution : 19 Août 2015
Nombre de pages : 176