Et puis je l’ai ouvert et les mots ont remplacé les images, sans que la magie ne cesse… « …retranscrire l’émotion qui peut nous bouleverser à l’écoute d’une œuvre. » C’était l’objectif de l’auteur et c’est réussi. Je voulais ralentir, faire durer le plaisir et il aura suffi d’une petite journée de pluie – O bruit doux de la pluie… sur le velux de ma chambre – pour aller au bout, au bout de ce véritable coup de foudre. Il arrive parfois que les mots d’amour soient difficiles à trouver. C’est le cas. Comment traduire – je ne suis pas écrivain, moi – tout ce que j’ai ressenti, ces frissons, cette envie d’aller plus vite et tout en même temps de me poser pour retrouver mon souffle, cette oppression, cette tension…

C’est dans l’église où repose le cercueil de Claessens que tout commence. Ariane,sa fille, a décidé de jouer, au piano, elle la virtuose de renommée internationale, le fameux Opus 77, concerto pour violon et orchestre de Chostacovitch. Et là, à renfort de flashback elle nous parle, elle repense à sa vie dans le désordre, aux bons moments mais aussi et surtout aux mauvais. Elle raconte la vie de sa famille de musiciens : Claessens, – on ne connaîtra pas son prénom –  le père, pianiste, lui aussi, puis chef de l’OSR (Orchestre de Suisse romande), la mère, Yaël, chanteuse lyrique et David, surtout David, le grand frère violoniste.

Ce frère, artiste maudit, et cet Opus 77, la clé.  Au fil des cinq chapitres du roman, les cinq mouvements du concerto, la vie de David se mêle à celle du compositeur tout à la fois adulé et menacé par Staline en son temps. Le totalitarisme, ici, c’est le père, sa mainmise sur sa femme, ses enfants et David qui, malgré son admiration, voudra s’en détacher. Car il n’est pas facile de devenir un artiste en restant soi-même.

L’écriture est vibrante, animée, envoûtante et le rythme va crescendo. Il m’a happée et, tel le fameux concerto écouté pendant la lecture, ne m’a pas lâchée jusqu’au final.

Ce roman, d’une force indicible, sera je le sais, plus qu’un coup de foudre, une histoire d’amour au long cours.

Editeur : Viviane Hamy
Date de parution : 5 Septembre 2019
Nombre de pages : 242

Ce livre a été lu en avant-première grâce au magazine « Page des libraires » et aux Editions Viviane Hamy que je remercie chaleureusement.