On ne peut pas dire que la seconde guerre mondiale et ses noirceurs ne sont pas un objet d’inspiration pour les romanciers. « N’oublie rien en chemin », le premier roman d’Anne-Sophie Moszkowicz, en est un exemple de plus.

Un exemple, certes, mais différent…

C’est ce qui fait tout son charme à mes yeux. A la mort de sa grand-mère Rivka, une grand-mère qu’elle vénérait, Sandra se voit léguer les carnets de moleskine noire que cette dernière a remplis de son écriture. Elle  y a raconté sa vie, toute sa vie. Sa petite-fille va ainsi remonter le temps, celui de sa grand-mère, de la famille, mais aussi le sien… en partie liés.

C’est un roman très agréable à lire, d’une écriture simple et délicate et qui alterne le présent et le passé. J’ai aimé ce roman sensible, cette histoire de transmission et de devoir de mémoire. Peut-être parce que j’ai été, un temps, responsable du concours de la résistance et de la déportation organisé par l’Education nationale pour les collégiens des classes de troisième et les lycéens, peut-être parce que dans ce cadre j’ai eu l’occasion de côtoyer d’anciens résistants et déportés et aussi de visiter des camps, ce sujet me parle et me touche.

J’ai beaucoup aimé l’originalité de sa composition, le mélange des vies d’une grand-mère et de sa petite fille qui au bout du bout vont se rencontrer, encore une histoire de parallèles qui défient les lois mathématiques. J’ai beaucoup aimé la manière d’approcher les cruautés du passé sans désir de vengeance, sans acrimonie, sans rancune, sans rancœur. J’ai beaucoup aimé la pudeur des sentiments évoqués : « Malgré tout, Paul restait là, impassible. Il me consolait en silence, unique façon de consoler les endeuillés, parce que les paroles crèvent les cœurs plus qu’elles ne les pansent. » J’ai beaucoup aimé le courage de Sandra qui part à Paris pour affronter son passé de jeune étudiante et trouver par là même celui de sa grand-mère et de toute sa famille. J’ai beaucoup aimé aussi sa lucidité sur le temps qui défile : « Avec les premières marques de l’âge, j’ai investi dans les séances de soin et les pots de crème, mais rien n’efface le temps qui passe. »

En un mot, cette lecture fut un moment de plaisir jusque dans son épigraphe signée Boris Cyrulnik « Rien ne s’efface, on croit avoir oublié, c’est tout. »

Editeur : Les Escales
Date de parution : 11 Mai 2017
Nombre de pages : 176