« Froid dehors, chaud dedans »

Je ne savais rien du contenu du récit. Mais la dédicace écrite sur la première page de l’exemplaire que je venais d’acheter se suffisait à elle-même : « Froid dehors, chaud dedans ! » Il fait en effet très froid à Norilsk, mais l’auteur avait finalement répondu positivement à la question posée par une éditrice : « Ça te dirait d’aller dans la ville la plus pourrie du monde ? Norilsk, ça s’appelle : c’est en Sibérie, au-dessus du cercle polaire. Une cité minière qui pollue à elle seule autant qu’en France ! » Il irait à condition que la Bête vienne avec lui. La Bête, son ami, borgne aux « allures de flibustier », qui « pratique le krav maga… boit beaucoup de vin rouge… fume beaucoup, mais alors beaucoup d’herbe. Pure évidemment. », un personnage, un vrai quoi ! Ajoutez Valentina, alias Tatiana, alias Bambi, l’interprète et Shakir, le chauffeur de taxi, vous aurez la belle équipe.

Entre glace et feu.

Entre glace et feu, tendresse et violence, Caryl Férey nous livre là un récit de voyage, un guide qui n’est pas obligatoirement touristique « Norilsk, ce Far Est sibérien avec des broussailles de glace coupante au fil du vent et pas un chat dans les rues… Un endroit sans vitrines, sans rien. » Sa plume, trempée dans la vodka est parfois joyeuse, lors de soirées arrosées quand les shots s’enchaînent, parfois plus triste, mais toujours belle. Il n’oublie pas non plus les références à la littérature russe rappelant combien ses auteurs sont nombreux et brillants : Dostoïevski, Gogol, Tolstoi et bien d’autres.

Il est évident que je ne m’aventurerai jamais jusqu’à Norilsk, mais j’ai apprécié d’en connaître l’histoire et de découvrir la vie de ses habitants, le tout fort bien raconté.