L’auteur a choisi le monologue pour nous relater l’histoire d’une petite communauté de facteurs. Non, il ne s’agit pas d’un monologue intérieur. Simon, le narrateur, ne parle pas tout seul… il cause, il discourt, balbutie, vocifère même, bref, il raconte à une jeune fille rencontrée au hasard, ou… pas. Il est question de Martin, de Dine et Luc, mais aussi de Paulo, de Vivianne ou encore de Gaspard, crémateur animalier, et surtout de Sissi, Sylvie de son vrai prénom, qu’elle n’aime guère, Sissi, l’héroïne. Je ne vous en dirai pas plus et, si j’osais, je vous conseillerais même de ne pas lire la quatrième de couverture, de vous laisser porter par les détails évoqués, de vous attacher aux nombreuses digressions, aux mots subtilement choisis, aux sentiments dévoilés.
L’écriture de Nicolas Delesalle est belle, bouleversante et sensible. Sa propension à user de comparaisons m’a souvent amusée par leur originalité « … une mère pâle comme un os de seiche… », « Sissi, elle cillait comme une chatte de concours sur son coussin de satin… » Les fêlures des personnages sont abordées avec délicatesse, un brin d’humour et beaucoup de profondeur. C’est à la fois très triste et souvent drôle. Et l’on ressent toute l’empathie de l’auteur pour ces êtres simples et dotés de belles qualités humaines. La construction est intéressante qui alterne le récit et des lettres d’importance dont je préfère vous taire l’origine et le destinataire. Le rythme est parfait qui tient en haleine. Le suspens monte en puissance jusqu’à une fin en apothéose.
Un magnifique roman sur fond d’enquête où l‘amour le dispute à l’humour, l’amitié à l’humanité.
Editeur : Préludes
Date de Parution : 2 Octobre 2019
Nombre de pages : 224