Champion de France du 400 m….
Toumany Coulibaly, ex champion de France du 400m, un nom forcément connu aussi… pour ses méfaits et…ses séjours en prison. Justement, l’auteur, nous emmène avec lui au parloir, nous raconte avec précision la vie diurne du coureur faite de records, de trophées, de travail acharné, mais aussi la nocturne moins brillante, où l’athlète génial qu’il est, continue de courir, certes, mais pour s’échapper, échapper aux représailles. Mathieu Palain cherche à comprendre, comme il cherche à se comprendre. Pourquoi, mais pourquoi s’acharne-t-il ? Pourquoi lui ? Pourquoi les prisons ? Mathieu Palain se met en scène et à travers Toumany Coulibaly se pose des questions sur lui-même, sa vie, ses raisons de s’accrocher. J’ai eu l’impression de le voir se refléter dans le miroir tendu par son sujet. Ils ont le même âge et ont vécu au même endroit. Pourquoi l’un est-il délinquant et l’autre pas ? Quel est le point de départ, le déclic ? Et puis la prison…est-elle utile ? ou pas ?
J’ai lu à perdre haleine…
A défaut de courir, je ne me suis pas arrêtée de lire dès lors que j’ai pris connaissance de la première page. J’ai lu à perdre haleine, comme si j’avais besoin de suivre Toumany Coulibaly, de me couler dans sa foulée, comme si, peut-être, j’avais besoin de le rattraper, de le protéger, de l’empêcher de commettre une énième erreur. J’ai même réussi à oublier les phrases négatives incomplètes, celles que j’exècre
« …mais je le voyais jamais courir…mais je savais pas où il en était vraiment. »
Ecriture simple, fluide, précise, percutante…
Je les ai oubliées parce que l’écriture est par ailleurs agréablement simple, fluide, précise. La plume est percutante, semble filer aussi vite que l’athlète, et traduit à merveille l’effort du coureur et l’empathie de l’auteur. Elle possède en quelque sorte ce supplément d’âme qui traduit l’humanité. Mathieu Palain est journaliste et écrivain. Je vois pourtant sans peine sourires et lumières dans les yeux des jeunes devant l’enseignant, l’éducateur, l’entraîneur, le moniteur qu’il pourrait tout aussi bien être.
Editeur : L’Iconoclaste
Date de Parution : 19 août 2021
Nombre de pages : 422
J’ai écrit cette chronique, le 4 septembre dernier. Dix jours plus tard, Mathieu Palain recevait le Prix Blù Jean-Marc Roberts qui récompense « une nouvelle voix de la littérature française qui deviendra incontournable demain » et entend « privilégier l’audace et l’inattendu ». Je trouve qu’il le mérite et j’en suis particulièrement heureuse pour lui.
Un auteur qu’il me faut découvrir, bien certainement. Je finis de lire Kerozène de Adeline Dieudonné édité par l’iconoclaste. Une maison où je trouve souvent de très belles écritures.
Oui, c’est une maison d’édition que j’apprécie particulièrement. Je n’ai pas lu Kérozène, c’est en projet.