Albina, Nani.

« Nani », maman en Albanais, c’est l’histoire d’Albina. Encore presque une enfant, elle est mariée, vendue par son frère à la mort de leur père, à un homme violent. Il l’emmène en Suisse où il vit avec ses parents. Et là, va commencer l’enfer. Elle a seize ans quand elle met au monde son premier enfant, ils en auront cinq. Elle devient l’esclave de la famille, battue, humiliée aussi bien par son mari que par ses beaux-parents. Jusqu’au jour où…

Une belle écriture, toute en retenue.

De sa belle écriture, toute en retenue, l’auteure nous dresse le portrait émouvant de cette femme forte et fière, capable de tenir la tête haute pour ses enfants. Mélanie est Albina et ses mots sont tellement forts, tellement beaux, élégamment dénués de pathos, qu’ils m’ont prise aux tripes. Elle a ce talent extraordinaire de faire du laid un récit d’une extraordinaire beauté. Elle restitue discrètement le poids d’une société dans laquelle les hommes ont un pouvoir tel qu’ils ne se posent pas la question du bien ou du mal. Elle aborde en filigrane les problèmes liés à la méconnaissance de la langue du pays d’adoption, à la vie des enfants spectateurs des violences…Jusqu’au jour, où, sur injonction de son père, « Leotrim (le fils aîné) fouille dans le tiroir, envoie valdinguer des paires de chaussettes à travers la pièce. Récupère l’arme. Les doigts sur la gâchette, il vise sa mère…Leotrim lève ses bras joints au ciel et tire au plafond Un coup, deux…neuf. Le chargeur vidé, il s’écroule et pleure comme un tout-petit. C’est un tout-petit. Albina le prend dans ses bras. »

L’auteure réussit son pari, celui de « …prêter [sa] plume à Albina, de porter sa voix ». Et comme dans tous ses ouvrages elle fait de très peu de pages un récit puissant, bouleversant et particulièrement émouvant, de ceux qui restent en mémoire. Albina, c’est toutes ces femmes violentées verbalement, physiquement, sexuellement.

Un roman tiré d’une histoire vraie, à portée universelle.

Editeur : Slatkine
Date de Parution : 18 Août 2023
Nombre de pages : 174

Je remercie infiniment l’auteure et la maison d’édition pour cette lecture hors du commun.