Avis : ★★★

Parce qu’on lit avec ce que l’on est, ce que l’on sait, ce que l’on a vécu, j’ai tout de suite pensé que cet ouvrage de Stéphanie Trouillard, « Mon oncle de l’ombre (enquête sur un maquisard breton) » serait pour moi. Moi, Castelbriantaise d’origine (de Châteaubriant en Loire-Inférieure devenue Loire-Atlantique), moi, bercée par l’histoire de ses fusillés – 27 otages tués en représailles d’un attentat contre des officiers allemands, dont le jeune Guy Moquet – moi qui étais terrorisée par les visites à la Carrière des fusillés dans laquelle sont encore alignés les poteaux d’exécution – 9 au total , c’est-à-dire 1 pour 3 hommes – moi qui l’imaginais encore habitée de soldats, qui avais l’impression d’entendre les balles. Je ne m’étais pas trompée.

Ce livre est un récit, une enquête très fouillée menée par l’auteure, journaliste à France 24.

Intriguée par ce portrait d’un jeune homme accroché au mur de la maison familiale, elle tente de reconstituer la vie de ce grand oncle qui n’a pas dépassé l’âge de 23 ans, fusillé un matin de juillet 1944. Ce visage va devenir son obsession, va l’entraîner dans des recherches sans fin. Elle veut savoir, savoir pourquoi, comment il en est arrivé là !

J’ai beaucoup aimé le travail de prospection, précis, rigoureux, acharné. J’ai aimé toutes ces rencontres de personnes capables – ou pas – de lui apporter des bribes, des morceaux de la vie d’André Goudet. Comme dans une enquête policière, Stéphanie Trouillard avance à petits pas et même parfois recule mais jamais ne se décourage. Ses explorations l’emmènent jusqu’en Allemagne. Nous découvrons le camp de travail de Bretten près de Karlsruhe où cet oncle devenu F.F.I. par la suite fit un passage dans le cadre du Service de Travail Obligatoire. Tout est bien expliqué, détaillé, classé. Mais je n’en dirai pas plus.

L’écriture n’est pas en reste, qui, extrêmement léchée, parsemée de formules élégantes, rend la lecture facile et captivante. Ce récit intéressera ceux qui se passionnent pour l’Histoire, et surtout celle de la Seconde Guerre mondiale. Il apporte en effet nombre d’informations, et notamment, sur l’occupation en Bretagne. A ce titre il m’a personnellement émue, me remettant en mémoire les anecdotes relatives à cette époque, relatées par ma mère, Bretonne elle-même.

Magnifique travail de mémoire.

Editeur : Skol Vreizh
Date de Parution : 20 Septembre 2018
Nombre de pages : 280