Mais qui est cet homme qu’on appelle « Croquemitaine » ?
C’est vrai, à plusieurs reprises je fus sur le point de fermer le livre, de quitter les personnages, la dureté du propos, de fermer les yeux, de tourner la tête. Mais abandonner, reculer, ce n’est pas mon genre, surtout en lecture. Alors j’ai continué. Je voulais savoir, savoir à tout prix qui était cet homme vieux et très malade qu’on appelle croquemitaine, couché dans un lit d’un hôpital de Hambourg. Nous sommes en octobre 2020 et il fait l’objet de toutes les attentions de la part du corps médical. Alors, j’ai accroché mon cœur, je l’ai empêché de battre et j’ai avancé. J’ai avancé dans cette forêt de Haute Corrèze, sous les pins si présents dans l’ouvrage et que l’on retrouve dessinés un peu partout. J’ai continué, et… quel dommage c’eût été de ne pas le faire…
Quel lien y a-t-il entre lui, malade en Allemagne, et la France ?
Quel lien peut exister entre cette région de France en 1944 et un homme hospitalisé plus de soixante-quinze ans après en Allemagne ? Ne comptez pas sur moi pour vous le dire. C’est à vous de le découvrir et je vous y engage. Ce roman est pour le moins atypique et d’une grande originalité. Impitoyable, il l’est, je l’ai déjà dit, mais pour autant l’écriture est belle et même magnifique quand l’auteur s’emploie à nous décrire la forêt. Elle se fait alors poétique, visuelle et même olfactive « …Stolker progresse sous les yeux de la forêt. La pluie pour seul bouclier. » Les personnages sont très fouillés, étudiés avec minutie. Eric Cherrière nous « balade » dans trois époques et deux guerres. A coup de chapitres alternés, de voyages dans le passé, de retours au présent il met soigneusement en place une histoire bien ficelée. Au fur et à mesure, le rythme se fait plus rapide, l’addiction plus forte, l’intérêt grandit et la curiosité aussi. N’est-ce pas le signe d’un roman réussi ?
Réussi, oui il l’est, ne serait-ce que par l’imagination qu’il a fallu à l’auteur pour organiser un tel imbroglio. Mon enthousiasme mesuré est seulement dû à la barbarie de certains actes, à l’horreur des exactions commises et à la difficulté, parfois, de m’y retrouver dans les liens qui unissent les personnages.
Editeur : Belfond
Date de Parution : 16 Janvier 2020
Nombre de pages : 192
Je remercie Lecteurs.com et les Editions Belfond pour cette découverte.