Arrivée à Binic le vendredi 29 mars dans l’après-midi, j’ai commencé par repérer les lieux. Il me fut facile de découvrir « L’Estran », centre culturel où se déroulaient les Escales pour la 10 ème année. En bas, la salle de dédicaces, à l’étage celle des tables rondes et rencontres diverses.
Comme chaque année, visiblement, et après Michèle Lesbre l’an dernier, la manifestation était présidée par un écrivain hors pair :
Eric FOTTORINO
C’est à sa rencontre, brillamment animée par Evelyne Jobin que mon escale à Binic a commencé. Une belle présentation, un entretien riche autour des nombreuses cordes dont est doté l’arc de l’auteur, et les quarantes minutes se sont envolées à grande vitesse. L’auteur nous a parlé de ses livres, naturellement, qu’il juge plus personnels qu’autobiographiques, et de sa passion du cyclisme qui lui valut de la part de Jean-François Khan le surnom de Futurino et de bien d’autres choses encore, notamment de son fameux récit « Dix-sept ans ».
Cette rencontre fut suivie d’une table ronde organisée autour du thème « Le poids du monde est amour » et regroupait Philippe Annocque pour son dernier roman « Seule la nuit tombe dans ses bras » qui relate une histoire d’amour érotique, amoureuse et intime, à la fois légère et grave qui se noue sur Internet et s’écrit sur Messenger, Karine Reysset et « L’étincelle », son dernier roman où elle parle de l’adolescence et de ses bouleversements notamment en terme de sentiments amoureux et David Thomas, auteur de plusieurs recueils de microfictions dont celui qui porte le titre choisi comme thème de l’échange entre ces trois écrivains. D’amour, vous vous en doutez, il fut beaucoup question et ce fut passionnant.
Dimanche matin, dans la très jolie salle aux murs de pierres apparentes d’un restaurant de la ville, j’ai retrouvé quelques lectrices et lecteurs venus écouter Yahia Belaskri, romancier, essayiste et secrétaire de la rédaction de la revue Apulée, venu parler de son dernier roman « Le livre d’Amray » qui présente une forte charge contre tous les intégrismes, Carole Zalberg, et « Où vivre », un roman choral relatant soixante ans de la vie d’une famille juive polonaise et Camille Loivier, poète et traductrice de chinois et notamment de la littérature taïwanaise. Cet entretien avait pour titre : « Quand l’écriture devient une aventure collective ». De traduction, il en fut beaucoup question et Camille Loivier nous parla du mot chinois « fan » qui désigne la traduction et signifie « tournoyer ». Il fut beaucoup question aussi de la revue Apulée fondée par Hubert Haddad et ancrée dans l’idée de l’élan vers l’autre.
Après un déjeuner à la crêperie, Chantal, une lectrice rencontrée le matin, et moi sommes parties à l’Estran écouter Mérédith Le Dez sur le thème « En rejaillir vivant ». Elle était entourée d’Hubert Haddad pour son dernier roman – magnifique – « Casting Sauvage », de Murielle Magellan dont « Changer le sens des rivières » peint l’éveil à l’amour de deux jeunes que tout sépare : culture, origine sociale, et leur volonté d’échapper à un avenir tracé et Gwenola Morizur, qui, dans son album « Bleu pétrole », raconte la lutte du maire de Portsall – son grand-père – contre le pétrolier responsable de la catastrophe de l’Amoco Cadiz. Mérédith Le Dez fut brillante, menant la discussion de manière absolument extraordinaire, sans note aucune et faisant preuve d’une connaissance parfaite des ouvrages et des auteurs : Un moment de grâce pour un sujet difficile. Il est certain que tous les auteurs en sont rejaillis vivants.
Dernier moment de la journée et des Escales : retrouver Fabienne Juhel et les auteurs invités de cette table ronde au titre évocateur « Seul(e) contre tous ». Se trouvaient près d’elle : Kris, scénariste de BD passionné d’histoire pour « Violette Morris, à abattre par tous les moyens », album dans lequel il mène une enquête passionnante sur cette femme hors norme – l’une des sportives les plus titrées de France, égérie des années trente… – impossible à enfermer dans une case, Yves Pagès, co-directeur des Editions Verticales, pour son dernier roman « Encore Heureux », dans lequel il raconte la vie de Bruno Lescot, gamin turbulent à la maternelle, ado insolent puis rebelle en cavale et Patrick Pécherot, auteur de romans noirs pour « Hevel » , sorte de road-movie sur les routes enneigées du Jura, sorte de récit-confession avec Gus et André. Si leurs héros étaient seuls contre tous, eux formèrent une équipe captivante.
Un week-end breton et littéraire ensoleillé que je souhaite refaire. Bravo et merci à toute l’équipe organisatrice des Escales pour la qualité des prestations. Merci aux auteurs pour leurs disponibilité, leur écoute et les échanges enrichissants. J’ai rencontré à Binic des auteurs connus et aimés mais aussi des inconnus qui ne le resteront pas longtemps. Ma collection de livres a considérablement augmenté. Et peut-être à l’année prochaine.
La nouvelle gagnante : très bien écrite mais aucun plaisir à la lire. L’intérêt de la lecture est-ce le plaisir qu’on en retire ou de faire le constat que l’auteur sait très bien écrire ?
De mon point de vue, l’intérêt de la lecture est divers. Il peut venir d’une histoire touchante, plaisante, émouvante qui procure du plaisir. Mais il peut venir aussi de la belle écriture d’un auteur.
Bonjour un grand merci pour votre article que nous découvrons un peu tard mais qui nous fait bien chaud au coeur !Nous permettez-vous de faire une publication facebook pour indiquer le lien vers votre blog ?
Les organisateurs.
Bien évidemment que je vous autorise. Et je vous remercie pour la qualité de la manifestation. Tout était parfaitement organisé, les tables rondes extrêmement intéressantes et les modérateurs de haut niveau.