Intéressant, sublime, passionnant.
Intéressant, sublime, passionnant, ce sont les mêmes termes qui me viennent pour qualifier le récit que je viens de terminer. Il est aussi noir, triste, mélancolique. Une jeune fille – de bonne famille – est trouvée morte, violée et étranglée, dans une usine désaffectée de la banlieue de Split. L’enquête est confiée à un vieux flic aux méthodes soviétiques et à un jeune policier, Zvone, très différent. Alors, roman policier ? Peut-être, mais pas que et loin de là. Ce roman est, avant tout, une étude approfondie de la psychologie des personnages et de la Croatie qui navigue entre justice et traditions,
Jusqu’où serions-nous prêts à aller pour protéger quelqu’un ?
Les raisons de ce meurtre font certes partie des questions qui se posent, mais il en est une plus importante encore : jusqu’où est-on prêt à aller pour protéger les siens ? Car, au fond, le coupable est connu très tôt. Et, dès que les images du drame, terribles, sont révélées à la télévision, Katja et Inès la mère et la sœur de Mario reconnaissent sur le champ son sac à dos et son survêtement. Mais la mère va tout faire pour protéger son fils. La sœur, qui a du mal à gérer ses doutes et sa mauvaise conscience, fuira à l’étranger.
Construction bien pensée, belle écriture.
J’ai adoré ce roman, sa construction, véritable valse à trois temps. Katja, Inès et Zvone s’expriment à tour de rôle dans de petits chapitres. Les sentiments sont disséqués, les regards croisés, en même temps que l’on visite Split, que l’on sent les vents des Balkans souffler, que l’on apprend qu’en Croatie, pays européen, tout n’est pas si rose. On se rend compte que la corruption est toujours présente et la dictature communiste encore dans tous les esprits. Le tout est fort bien écrit, truffé d’anecdotes sur la vie des uns et des autres, agrémenté de paysages, sortes de sas plus légers.
« Mater Dolorosa » est un récit très fort, noir et lumineux à la fois. L’intrigue est finement menée et les personnages, d’une grande densité, sont inoubliables. Un magnifique moment de lecture.
Editeur : Agullo
Date de Parution : 5 Septembre 2024
Nombre de pages : 416
Traduit du Croate par : Olivier LANNUZEL
Pavicic est un merveilleux écrivain ! J’ai énormément aimé L’eau rouge et sans doute encore plus son recueil de nouvelles Le collectionneur de serpents. À te lire, je constate que ce dernier roman est à découvrir impérativement lui aussi. Agullo a fait un formidable travail en publiant cet auteur !
Ça donne envie de le lire !Merci Geneviève.
Mady, il est vraiment à la fois très agréable à lire et d’un grand intérêt à beaucoup de point de vue.
Il est en effet d’une grande qualité, Sacha, et m’a donné envie de lire ses autres ouvrages. Celui-ci était le premier pour moi.