Avis : ★★★★★

Mardi 4 Juin se déroulait à Paris la remise du Prix Orange du Livre 2019. J’ai eu le bonheur d’y assister et plus encore de repartir accompagnée de « Matador Yankee », le premier roman de Jean-Baptiste Maudet, lauréat. J’avoue avoir beaucoup aimé ce récit.

John Harper, ou Juan, c’est selon, est un métis né de mère mexicaine et d’un père qu’il ne connaît pas. De ses origines mexicaines, son physique n’en fait pas état. Et ses cheveux blonds lui font imaginer, espérer, qu’il est peut-être le fils de Robert Redford qu’il a tant admiré, dans le film Butch Cassidy and the Sundance Kid aux côtés de Paul Newman. John aurait pu être un grand torero. Il se débrouille plutôt bien dans les arènes. Mais il est trop intéressé par le jeu, et cette dépendance finit par lui attirer des ennuis. C’est, d’ailleurs, pour payer une dette qu’il accepte une mission très particulière dans les montagnes de la Sierra Madre.

Mes connaissances en tauromachie s’arrêtent au spectacle d’une seule corrida dans les arènes de Nîmes, il y a un certain nombre d’années, et je n’ai pas la culture du western. Mais je dois avouer que l’auteur a su me cueillir par la qualité de son écriture, l’originalité de son sujet, vraiment différent de ce que j’ai pu lire en littérature française, et le côté attachant de chacun de ses personnages, des loosers certes, mais pleins de ressources. Je me suis totalement plongée dans ce road movie. Tous les ingrédients sont en effet réunis pour transformer la lecture de ce roman en véritable addiction : le jeu, l’alcool, les jolies femmes, des histoires de famille, des pièces d’or en quantité, et… un doigt coupé qui macère dans un bocal de pêches.

Les descriptions de paysages sont, par ailleurs, magnifiques :

« A l’aube, des montagnes plus hautes dépassaient de la brume. Des arbres en retenaient des bribes et des chaos de roche nue venaient crouler jusqu’à la route. »

celles des vaches de combat, drôles et précises :

« La deuxième vache était plus ronde et plus aristocratique. Elle sortit du toril en marchant tel un cerf indolent plombé de grosses fesses. »

et celles des femmes, sublimes :

« Les lumières de la nuit éclairaient le vêtement de Magdalena qui devenait bleu ciel, puis vert émeraude, puis jaune safran, puis rouge sang, puis blanc à nouveau. L’étoffe ne tenait plus sur son corps que par le miracle de sa silhouette… »

Et je ne parle pas de la construction parfaitement ficelée et des nombreuses références cinématographiques et historiques. Décidément « Matador Yankee » a tout pour nous offrir  un moment d’évasion savoureux.

Editeur : LEPASSAGE
Date de Parution : 12 Janvier 2019
Nombre de pages : 192

Je remercie la Fondation Orange et les éditions LEPASSAGE pour cette découverte.