Ce roman m’a complètement retournée.

J’avais beaucoup aimé les deux premiers, celui-ci m’a complètement retournée et le grand nombre de pages ne m’a pas empêchée de l’avaler rapidement. Malgré la noirceur, oui on peut le dire, « Noir, c’est noir », j’ai été entraînée à la vitesse grand V dans le sillage de ses personnages et des horreurs commises. Le premier chapitre est sans doute le plus insoutenable qui décrit par le menu la mort, dans d’atroces souffrances, d’une jeune fille – inconnue – sous les yeux de quelqu’un – inconnu aussi – avant de revenir à plus de calme. Nous retrouvons, en effet, dès le chapitre suivant, quatre jeunes filles venues passer leurs vacances en Afrique du Sud, au Cap, plus précisément, et dans un quartier chic.

Quel talent !

Quel talent possède l’auteur pour ainsi nous balader, dans un « up and down » constant, ménageant des moments tranquilles pour nous permettre de reprendre notre souffle. Mais le diable ne se cache pas juste dans les détails. Il est présent partout, dans ces interstices que l’auteur place entre les mots du début à la fin. Intelligent aussi, je trouve, de lier la violence endémique qui sévit en Afrique du Sud à celle tout aussi destructrice d’une famille abominable jusqu’à la nausée, sans oublier, au passage, d’écorcher le monde littéraire parisien.

Fort bien écrit, fort bien construit.

Le roman est fort bien écrit, la langue utilisée est sans filtre, dure et noire qui nous oblige à regarder et vivre l’horreur « Je n’oublierai jamais le bruit de la lame transperçant la chair, éraflant parfois l’os. » et nous non plus. Il est aussi fort bien construit.  L’auteur fait parler chacun des protagonistes à tour de rôle – le récit prend ainsi toute sa force. Le « JE » est de rigueur qui nous plonge au plus profond de chaque personnalité. Ainsi, au fur et à mesure se dessinent les heurs et malheurs des uns et des autres, les rancœurs, les rivalités, les amours cachées. Des pistes s’ouvrent les unes après les autres, puis sont abandonnées jusqu’à la fin magistralement démoniaque.

Au regard de ce dernier opus, je déclare Jérémy Fel, Grand Maître du thriller. Chapeau bas !