Bonjour Julien, comme je le disais en préambule, lorsque nous nous sommes rencontrés, tu avais perdu ton emploi. Quel était-il ? Que s’était-il passé ?

  • J’étais responsable d’une bibliothèque numérique pour les personnes empêchées de lire, c’est-à-dire les personnes aveugles, malvoyantes et DYS, depuis 12 ans. L’association qui m’employait a eu des difficultés financières et a dû être placée en liquidation judiciaire. C’est ainsi que je me suis retrouvé au chômage.

 

Tu as très vite eu envie d’ouvrir ta librairie. Peux-tu nous dire en quelques mots les différentes étapes qui ont permis de finaliser ton projet ?

  • L’ouverture d’une librairie est un long parcours. Il a d’abord fallu envisager de me former au métier. Car si mon expérience de bibliothécaire m’était très précieuse au niveau de la connaissance du paysage éditorial et des tendances du secteur, je sentais bien qu’il me manquait un certain nombre de billes pour mettre mon projet sur de bons rails.
  • J’ai donc suivi une formation auprès de l’organisme BookConseil. Ce fut extrêmement instructif et  ça m’a permis de démarrer mon projet sur de bonnes bases.
  • J’ai ensuite mené une étude de marché afin de déterminer les attentes de la clientèle potentielle et de mesurer la faisabilité économique de l’implantation d’une librairie dans mon secteur.
  • En parallèle j’ai pu trouver un local correspondant à mes attentes.

  • Il a alors été temps de concevoir son aménagement et de réfléchir à l’importance à accorder à chaque rayon pour établir les commandes du fond de la librairie.

                               

 

                                                 

           

 

  • Je passe sur les travaux, les dossiers de subvention, et bien d’autres péripéties.
  • Le projet a été un travail de longue haleine sur plusieurs mois et il est difficile de tout condenser en quelques lignes !

 

Depuis le mois d’avril, tu as le plaisir d’être libraire. Pourrais-tu nous raconter l’une de tes journées ?

  • Question difficile ! Le métier de libraire est extrêmement varié et n’accepte pas trop la routine. Entre la préparation des commandes de nouveautés plusieurs semaines/mois à l’avance, la réception et le rangement des commandes deux fois par semaine, le conseil aux clients, les animations, la gestion comptable et la mise en valeur des livres (vitrines, tables de nouveautés), il est souvent difficile de savoir le matin même comment se déroulera exactement la journée. A plus forte raison en période de fêtes de fin d’année comme maintenant !

 

Tu as déjà mis en place un certain nombre d’animations. Peux-tu nous les détailler ?

  • J’avais à cœur de proposer des animations pour tous les types de publics.
  • Je propose ainsi des lectures pour les enfants un mercredi après-midi par mois.
  • Nous avons monté un club de lecture qui se réunit également tous les mois.
  • En partenariat avec une scénariste de bande dessinée, des ateliers d’écriture ont aussi été mis en place, de même que des rencontres d’auteurs, mais j’anticipe déjà ta prochaine question !
  • Et dans les prochaines semaines devraient avoir lieu la nuit Harry Potter, des ateliers de lecture à voix haute avec une comédienne mais aussi un prix littéraire des Jeunes Mangeurs de Livres avec les écoles des environs. Pas de quoi s’ennuyer !

 

Les rencontres d’auteur(e)s sont pour une librairie un moment toujours important. Tu nous racontes un peu ces instants précieux ?

  • Réussir à faire venir des auteurs dans notre petite commune rurale est un vrai défi ! Pourtant les habitués de la librairie sont très demandeurs de ce type d’animation. Pour le moment, je préfère en organiser peu mais faire les choses du mieux possible afin de garantir aux auteurs qui nous rendent visite et au public de passer un bon moment.
  • La rencontre organisée récemment avec Charline Effah, autrice du livre « Les femmes de Bidibidi » publié par les Editions Emmanuelle Colas a été un très agréable moment. L’écouter nous parler du destin de ces femmes meurtries par la guerre au Sud Soudan et qui tentent de se reconstruire dans un camp de refugiés était très fort. Mais cela nous a également permis d’en apprendre plus sur la vie de l’autrice et notamment sa manière de construire ses livres et plus largement d’écrire.

 

Tu as reçu deux auteures pour l’instant. Quel(le)s sont celles et ceux que tu aimerais recevoir dans l’avenir ?

  • Jean-Baptiste Andrea évidemment ! Mon gros coup de cœur de la rentrée littéraire (j’imagine que tous les libraires de France doivent dire la même chose) lauréat du prix Goncourt pour son roman « Veiller sur Elle », c’est juste incroyable pour une première année de vie de la librairie. J’avais beaucoup conseillé le livre avant qu’il n’ait le prix Goncourt, et plusieurs personnes m’ont avoué après coup que c’était la première fois qu’elles lisaient un Goncourt avant qu’il ne soit décerné ! Parmi les autres auteurs que je serais ravi d’accueillir, je peux citer Marie Charrel (« Les mangeurs de nuit » est vraiment superbe), Laurine Roux (J’ai adoré « Sur les épaules des géants ») ou encore Walid Hajar Rachedi bien sûr.

 

L’ouverture de cette librairie te permet-elle de créer du lien dans cette petite ville qu’est Pontlevoy ?

  • Oui tout à fait, comme je le disais précédemment, c’est quelque chose qui manquait dans les environs. La librairie, grâce à ses animations notamment, mais également sa localisation, permet de créer des passerelles entre particuliers, bibliothèques publiques et publics scolaires. Avec l’objectif d’amener (ou de ramener) les gens vers le livre et la lecture.

 

Comment imagines-tu la période de Noël ? As-tu l’impression qu’elle t’apportera un surcroît de travail ?

  • Oui, je le pense. Même si un certain nombre de personnes ont choisi d’anticiper les cadeaux de noël. A ce sujet, j’ai une cliente de 95 ans qui habite à proximité de la librairie et vient chaque mois acheter deux livres en prévision de ses cadeaux de noël pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Ses courses de noël sont lissées sur toute l’année ! Mais je pense qu’il y aura aussi des personnes qui vont faire leurs courses plus tardivement, et c’est là qu’il faut estimer au plus juste les stocks pour avoir chaque livre dans la quantité suffisante. Tout un défi !

                                                                                        

 

En conclusion, que pourrais-tu dire de ces quelques premiers mois de libraire et quels sont tes espoirs pour 2024 ?

  • J’ai l’impression d’être au bon endroit au bon moment dans ma vie. Pouvoir vivre de ma passion et la transmettre autour de moi est un vrai bonheur. Les retours des personnes que j’ai pu rencontrer depuis l’ouverture sont très positifs, ça fait chaud au cœur.
  • Pour 2024, j’espère beaucoup d’animations pour faire vivre la librairie, en particulier de belles rencontres avec les auteurs de mes coups de cœur passés et à venir !

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https://www.facebook.com/Librairiemangeursdelivres

Merci infiniment Julien pour cet échange sympathique. Et, bon courage pour la suite.