Fabuleux, je crois que l’adjectif n’est pas trop fort pour qualifier ce texte de l’auteur. Texte, oui, c’est bien ce qui est écrit au bas de la première de couverture. Ce n’est, en effet, ni un roman, ni un poème mais un peu des deux à la fois. C’est aussi un récit aux allures de conte ou encore une galerie de portraits riches en couleur. On peut même y voir un chant lancinant et beau, poétique et mélancolique. Entre présent et passé l’auteur y raconte les Antilles, le pouvoir de l’homme, de l’Homme, l’esclavage… et les femmes capables de tant de choses.
« Parce que l’écriture ne doit être ni
blême,
Ni aphone.
Ou plate.
Elle doit tout bousculer. »
Ce sont les mots que l’auteur adresse à son « Ami Lecteur », et qu’il met en pratique. Prose et poésie, se mélangent, se croisent, jouent entre elles. Plus encore que le fond, pourtant digne d’intérêt, c’est en effet la forme qui m’a subjuguée. L’écriture est d’une grande richesse, une véritable dentelle qui flotte à l’extrémité d’un fuseau. Le récit se transforme au gré des tournures choisies, mais la beauté demeure. C’est parfois, étonnant, intriguant, surprenant mais toujours magnifique :
25.1 (il en va ainsi par chapitre chiffré)
« Le frère aîné de l’Homme
… Tonton Hébert…
Etait boulanger.
Pétrissant
Le souvenir de son père,
Il enfournait,
Et chérissait,
La pâte à pain
Toute la nuit
Chez Castardes. »
Ce livre ne s’avale pas, il se savoure lentement. Il a besoin de calme, s’accompagne de la seule musique de ses mots ressassés à l’envi. Il demande des retours en arrière, des arrêts sur image, une réflexion. Il demande de s’habituer aux changements de rythme, de s’imprégner des odeurs, des chants de la canne à sucre sous le vent. Il demande de faire corps et de se laisser bercer jusqu’au point final.
Une lecture magique !
Editeur : La Trace
Date de Parution : 23 Janvier 2020
Nombre de pages : 145
Je remercie chaleureusement les Editions La Trace de m’avoir permis cette lecture en avant-première.