Etre bête, est-ce si grave ?

« Tu es bête ou quoi ? », combien de fois, enfant, n’ai-je entendu cette question ? Alors, en lisant l’incipit :

« De même qu’Arthur Cravan a pu dire qu’il ne fallait pas voir le beau uniquement dans les belles choses, pourquoi l’intelligence résiderait-elle uniquement dans les choses intelligentes ? »

je me suis tout de suite sentie mieux. C’est une véritable invitation que nous adresse Paul Vacca dans cet essai, une invitation à réfléchir sur la bêtise. Finalement, être bête, est-ce si grave ? Pourquoi dit-on de quelqu’un qu’il est bête ? Ne sommes-nous pas toujours le « bête » d’un autre ? Sans parler de tout le bien qu’il pense de la « question bête », celle que nous avons tous peur de poser et qui pourtant…

Entre sérieux et humour, propos enlevés et réflexions passionnantes, l’auteur analyse de manière très fouillée – et pétillante – cette phobie que nous avons de la bêtise. Pourtant, n’est-il pas prouvé que nombre de trouvailles, d’inventions, sont nées de maladresses, de hasards ou même de la bêtise ?

« C’est souvent dans le sommeil de l’intelligence que se sont produites les grandes avancées humaines. » dit l’auteur.

Je n’en retiendrai qu’une, celle qui me va droit, non pas au cœur, mais au palais : la tarte tatin. Décisif, non ? En tous les cas pour le plaisir des sens.

Cohabitation entre intelligence et bêtise…

L’intention de l’essayiste n’est pas, naturellement, de défendre la bêtise à tout prix, la bêtise crasse, celle qui blesse ou va jusqu’à tuer.  Mais à coup d’idées impertinentes et jubilatoires – oserais-je dire intelligentes ? –, Paul Vacca dresse un tableau fort intéressant de ce que peut être la cohabitation entre intelligence et bêtise. Quand il rapporte les propos de Maxime Rovere :

« Lorsque je désigne un con, il y a toujours deux cons : l’autre et moi »

il nous ramène de belle manière à nos manques : manques d’empathie, de tolérance, d’indulgence. Et de conclure superbement :

« Enfermer la bêtise et l’intelligence dans une opposition granitique est stérile. Il faut voir leur rapport comme un travail collaboratif. »

Le livre refermé, suis-je moins bête ? Peut-être pas. Mais je l’assume avec le sourire, c’est certain. Si Paul Vacca prétend que la bêtise possède des vertus, il a sûrement raison et j’ai envie de le croire. Romancier, essayiste, chroniqueur de talent, il doit savoir ce qu’il dit tout de même. Et un monde sans bêtise, ne serait-il pas quelque peu ennuyeux ?

« Les vertus de la bêtise », un opuscule véritablement réjouissant pour tout le monde.

Editeur : Les Editions de l’Observatoire
Date de Parution : 22 Janvier 2020
Nombre de pages : 176

Je vous laisse découvrir les propos de l’auteur interviewé par « Ernest Mag » :

https://www.ernestmag.fr/2020/01/24/vacca-betise-chance/