Parce qu’un tram a percuté une voiture, parce que l’accident a endommagé un transformateur, tout un quartier se retrouve privé de courant. Parce que la porte du cabinet de Monsieur et Madame Vignier, psychologues, est électrifiée, les trois personnes assises dans la salle d’attente, François, Gabriela et Hervé comprennent vite qu’ils ne pourront sortir tout de suite.
Tom Noti a ce talent de rendre faussement légères des situations d’une grande profondeur, d’une certaine gravité, d’une intensité évidente. La construction est parfaite et sa plume, toujours simple, limpide mais efficace donne la parole à chacun des protagonistes. A tour de rôle, ils racontent et se racontent. François, issu d’une famille italienne plutôt pauvre se compare à ses camarades de lycée plus fortunés :
« Nous, nous devions « avoir l’air », « passer pour », tous ces verbes d’état qui remplaçaient le verbe « être », leur conjugaison à eux. Grammaire innée du petit bourgeois. »
Gabriela, elle, pense au syndrome de la robe bleue :
« Celle que je ne souhaite pas passer car elle n’est « tellement pas pour moi »…. Puis on se laisse tenter et c’est la révélation. On a osé et oser nous va bien, nous aère, nous allège, met du vent dans nos cheveux. »
Et Hervé est tout simplement jaloux de François :
« Le Zorro, Antonio Banderas, le sempiternel casse-couilles, sûr de son fait et de sa séduction… »
Petit à petit chacun va se découvrir, laisser deviner ses failles, ses travers, ses chagrins. C’est parfois cocasse – il faut avouer que les problèmes d’Hervé liés à une vessie quelque peu déréglée prêtent à rire ou tout au moins sourire – mais toujours empreint de respect, de gentillesse, de beaucoup d’égards. Si les personnages tellement différents se carambolent au début, ils finissent par se parler, s’écouter, se découvrir, se comprendre et pourquoi pas s’apprécier. Ils ne seront plus jamais comme avant.
Avec « Les naufragés de la salle d’attente » Tom Noti nous offre un très beau roman, empli de tendresse, de ces écrits qui font du bien et nous démontrent combien la parole libère. Je l’imagine très bien en pièce de théâtre et… j’ai déjà le nom des comédiens en tête.
Editeur : Paul & Mike
Date de Parution : 12 Janvier 2017
Nombre de pages : 256