Comme une impression de perfection…

Mais comment traduire en mots ce sentiment de perfection ressenti à la lecture de l’histoire. J’ai eu l’impression de me retrouver dans un cercle ouvert qui, par chapitres successifs, se refermait petit à petit. La construction est ainsi faite que du présent l’on passe au passé, pour revenir au présent jusqu’à une fin qui est en fait le commencement. Et si le prologue est en réalité l’issue, le premier chapitre est bien un début :

« Gabrielle voit le jour un soir de mai, trois mois avant le terme. Elle devait naître en août, elle devait être lionne… »

Ce roman est en effet l’histoire de Gabrielle, premier enfant de Suzanne et de Peyo – Pierre de son véritable prénom – que nous allons suivre jusqu’à son adolescence.

Un centre appelé Gabrielle…

Gabrielle est au centre de la famille, le père, la mère et longtemps après le petit frère. Mais il y a aussi les grands-parents, la tante et les cousines, et surtout « la Maria » cette arrière-grand-mère qui a fui son Espagne natale. Gabrielle c’est le centre de ce chœur de femmes qui se battent chaque jour et font face. Elle grandit, elle avance, elle crache des araignées de son corps malade mais ne dit rien. Elle est forte, Gabrielle.

L’écriture est d’une grande limpidité, elle est belle, sensible, ciselée, travaillée sans que l’on puisse en deviner les échafaudages. Chaque mot posé au bon endroit, finement serti dans la phrase au milieu de tous les autres, lui confère une force inouïe. Et puis arrive la fin dont je ne vous dirai rien naturellement, une fin grave, majestueuse, impressionnante, une fin que je n’avais pas vu venir. C’est la que le cercle se referme, avec au centre cette Gabrielle, courageuse au-delà de toute imagination.

« Les maisons vides » : un nouveau coup de foudre et même plus que ça. Un premier roman véritablement impressionnant.

Editeur : L’Olivier
Date de Parution : 14 Janvier 2022
Nombre de pages : 272

Roman éligible pour le Prix Orange du Livre 2022, lu en qualité de membre du jury.