Avis :★★ ★★

« C’est une nuit claire. Pas le genre de nuit qu’aurait choisie Louise pour s’en aller. Elle aurait préféré une nuit d’orage. Partir avec fracas. » C’est ainsi que commence le roman de Caroline Caugant au titre lumineux : « Les heures solaires ». Et en lisant ces quelques mots, j’ai eu l’impression de découvrir un morceau de laine que l’on pouvait tirer pour dérouler tout l’ouvrage. C’était vrai.

A peine commencé, j’ai su que je ne pourrais m’arrêter, que les mots premiers en entraîneraient d’autres de manière inexorable.

J’ai eu l’impression de rester en apnée, de ne plus respirer, tendue vers la suite, la fin, curieuse de découvrir tous les mystères subodorés de ce récit. Et pourtant, pour moi qui ai peur de l’eau, justement, il en est beaucoup question dans cette histoire. Cette histoire, c’est celle de Billie, dans la trentaine, artiste qui prépare sa prochaine exposition. Elle apprend soudainement l’accident qui a coûté la vie de sa mère, Louise : elle s’est noyée. Sa mère, Billie ne la voyait plus guère. Son village d’enfance, elle n’y était jamais revenue. Mais l’heure a sonné du retour à V., petit village niché dans l’arrière-pays méditerranéen. Et comme souvent dans ces cas-là, ce retour aux sources est synonyme de recherche sur soi, son enfance, son adolescence, ses chagrins, ses amours, et les fameux mystères.

Caroline Caugant nous dresse de merveilleux portraits de femmes, trois générations reliées entre elle par un fil invisible, la pelote qui se dévide, l’eau qui coule. Tels les remous de la rivière, les souvenirs se mêlent au présent, envahissent Billie, la bousculent, l’interrogent et la lectrice que je suis avec. L’écriture vive et juste, le rythme intense, les descriptions, les listes de secrets de famille m’ont entraînée dans un grand bain à remous, car tout se mélange dans la tête de Billie.  L’auteure coche toutes les cases, s’agissant de la définition du roman. Elle a réussi à susciter mon intérêt, mon plaisir de lectrice en racontant le destin d’un héros principal (dans ce cas précis, une héroïne), une intrigue entre plusieurs personnages présentés dans leur psychologie, leurs passions, leurs aventures, leur milieu social… Elle m’a embarquée dans son monde, dans ses interrogations sur la descendance et les liens entre générations. Des monstres peuvent-ils engendrés des monstres ?

Intéressant, le texte épuré d’un certain nombre de pages aurait, me semble-t-il, gagné en équilibre et évité quelques longueurs. Pour autant, ce fut un moment de lecture vraiment agréable.

Je remercie sincèrement le site Lecteurs.com ainsi que les Editions Stock pour cette découverte.

Le livre est également sélectionné dans le cadre de l’association « Les 68 premières fois », session Janvier 2019.

 

Editeur : Stock (Collection arpège)
Date de Parution : 2 Janvier 2019
Nombre de pages : 285