Valérie Tong Cuong, un nom connu, une plume appréciée, et un nouveau roman « Les guerres intérieures ». Ce ne fut pas un coup de foudre, mais une histoire d’amour construite au fil des pages, au fil des mots, au fil du récit. Ce fut une montée en puissance de l’intérêt, une vitesse de lecture décuplée… jusqu’à une chute d’une grande force.
Surtout n’en rien dire de ce qu’il raconte, ne rien dire si ce n’est que l’ouvrage parle d’un homme : Pax Monnier, acteur de cinéma – de seconde zone – et employé dans une entreprise de formation par le théâtre, dirigée par Elisabeth, d’une femme, Emi Shimizu, responsable QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement) dans une entreprise de déménagement, d’un jeune étudiant en classe préparatoire, d’une jeune fille…
L’écriture est d’une rare beauté, d’une fluidité, d’une précision et d’une élégance sans nom. Les phrases coulent, parfaitement construites, comme l’est d’ailleurs le récit au cours duquel les faits s’emboîtent à merveille. Les personnages sont tous attachants. Ils ne sont pas parfaits, loin de là. Ils nous ressemblent, dotés de qualités mais aussi de défauts si importants qu’ils cachent parfois le meilleur. Il est question de lâcheté, de peur et d’égoïsme, mais aussi d’amour. Le titre porte bien son nom qui dit les guerres intérieures que chacun se livre tentant de surmonter ses doutes et ses appréhensions, regrettant ses manques et ses actions inutiles ou néfastes. Parce qu’un jour Pax aura préféré un rendez-vous avec un réalisateur de grande renommée, il verra sa vie gâchée par le remords.
» C’est au moment où il enfile sa veste qu’il prend conscience du bruit… Il jette un oeil honteux à sa montre… il doit partir maintenant ou prendre le risque de rater le dernier train de la réussite… Il envisage brièvement de prévenir la police mais s’abstient… »
Parce qu’Emi aura découvert trop tard un e-mail dans sa boîte, son existence s’en trouvera transformée.
« C’est en cherchant un de ces banals courriers administratifs qu’elle a vu apparaître le mail de Christian P. Il était intitulé : « Si ça peut vous intéresser. »
Au-delà de l’étude des personnages traitée avec une grande humanité, sans jugement aucun, l’observation est intéressante du monde du travail : son évolution, ses difficultés, l’absence de prise en compte de l’humain, les difficultés des hommes à s’adapter, la froideur des relations et au final l’abandon des personnels en souffrance.
J’ai trouvé cet ouvrage excellent tant il est équilibré. La qualité du sujet abordé le dispute à celle de l’écriture, pas une page de trop, pas une qui ne manque. Oui, vraiment, « Les guerres intérieures » est un très beau roman.
Editeur : J.C. Lattès
Date de Parution : 21 Août 2019
Nombre de pages : 240
Ce livre a été lu en avant-première grâce au magazine « Page des libraires » et aux Editions J.C. Lattès que je remercie chaleureusement.