Un nouvel auteur…toujours blogueur…

Un nouvel auteur, donc, mais aussi une maison d’édition, qui plus est ultra-marine. Son nom, magnifique, « Au vent des îles » était prometteur de voyage. Celui-ci fut beau malgré l’histoire plutôt triste. Le couverture l’est quelque peu aussi qui pourtant, avec sa couleur sépia et ses personnages d’un autre âge, traduit parfaitement l’époque et le sujet traités. Triste, disais-je, que la vie de Victor, seize ans.  Nous sommes en 1868 et il se retrouve accusé d’un meurtre commis par son grand frère. Il fait partie d’une pauvre famille de petits truands habitués aux maraudages sans importance jusqu’au jour où le pire arrive. Victor est condamné à neuf ans de bagne. Il se retrouve à la prison du Mans, est transféré au bagne de Toulon puis quelques mois plus tard vers celui de Nouvelle Calédonie.

« Equarquille tes esgourdes, Victor. Au moindre mouvement tu siffles, compris ?
Le vieux me fait face, sa peau est luisante ; ses yeux, deux petits orifices sombres qui me fixent. »

Ecriture classique et très belle…

Une écriture de facture classique, simple mais précise, parsemée de mots vieillis, voire argotiques, rend la lecture à la fois limpide et plaisante. Malgré cela, rien ne nous est épargné des atrocités endurées par les prisonniers, du manque de nourriture, du froid qui règne dans les geôles, des vêtements plus souvent proches de haillons, de la cruauté des gardiens et gradés. Impossible de ne pas s’attacher à ce Victor, encore presqu’enfant qui, la nuit, pense aux outils qui lui seraient nécessaires, il veut être cordonnier :

« une paire de pinces à trois francs, un marteau à deux francs, deux tranchets à un franc… »

Impossible de ne pas souffrir avec lui et ses comparses, de ne pas rougir du sort qui leur est réservé, inhumain au-delà de toute limite. L’auteur est bien documenté qui nous conte les jours par le menu, relate la Commune de Paris, narre l’arrivée des communards au bagne, le voyage vers Nouméa, long et difficile, hommes ferrés, parqués dans des cages en fond de cale, la vie sur l’île. Le rythme pour lent qu’il est au départ s’accélère vers la fin et entraîne le lecteur au pas de course, haletant, jusqu’à une fin de laquelle, naturellement, je ne vous dirai rien.

J’ai beaucoup aimé ce roman, réquisitoire contre une période noire de notre Histoire – une de plus – et véritable outil de mémoire.

Editeur : Au vent des îles
Date de Parution : 18 Mars 2021
Nombre de pages : 224

Je remercie chaleureusement l’auteur et les Editions « Au vent des îles » pour cette lecture fort agréable.