Les Dragons - Jérôme COLIN

Une plongée en apnée.

Il m’a fallu du temps mais je m’y suis plongée… en apnée. Et je défie quiconque de pouvoir lire cet ouvrage sans avoir le cœur douloureux, la gorge serrée, les larmes au bord des yeux. D’une extrême profondeur, il est raconté à la hauteur de l’adolescent que fut le narrateur à quinze ans. Jérôme nous parle de la difficulté de vivre de ces « dragons », tous internés dans un centre de soins. Il portait en lui – à l’époque – une grande colère, colère contre ses parents trop vieux, colère contre l’école qui ne le comprenait pas, colère contre les monstres qui l’empêchaient de dormir et colère aussi contre lui. Et là, dans ce centre de soins où il est envoyé, il rencontre Colette et c’est le coup de foudre. Colette veut mourir mais lui veut l’embrasser et il a des rêves pour tous les deux…

Une histoire d’amours adolescentes, mais pas que.

C’est une belle histoire d’amour – courte mais très belle – entre deux jeunes déjà brisés par la vie. Jérôme Colin sait mettre les mots justes sur les ressentis de ses personnages à fleur de peau. Il porte un jugement sévère sur les institutions, l’école et les parents qui ne savent pas toujours comprendre. Heureusement, un personnage sauve le monde adulte des critiques formulées à son égard : Smensk, un éducateur au grand cœur qui voit mais ne dénonce pas, qui écoute et sait poser sa grosse main réconfortante sur l’épaule de qui en a besoin.

Un texte en partie autobiographique à portée universelle.

En partie autobiographique, visiblement, ce texte a pourtant un caractère universel qui pousse au questionnement, à l’empathie, à la compréhension de qui est différent. C’est un appel à la vigilance, à l’écoute, à l’amour. Et, quand l’auteur, à la toute fin du roman adresse une lettre à sa fille, chacun peut la lire comme si elle lui était adressée. Au final, si je devais ne retenir qu’une seule phrase de ce magnifique roman, ce serait celle-ci : « …Il faudrait traiter tous les enfants…avec précaution. »