… Et puis ma peur s’estompe très vite…

J’entre dans la vie de Rose, vieille femme désorientée, résidente d’un EHPAD, Charles, médecin coordonnateur de cet établissement hospitalier, Barbara, belle et dynamique cinquantenaire, professeur de fac. Je rencontre aussi, Lise, aide-soignante, Ninon étudiante, et Suzanne, la sœur de Rose. Tous ces personnages ont un point commun, ils sont imparfaits, empêchés de mener la vie qu’ils auraient souhaitée, peut-être d’atteindre ce à quoi ils aspiraient. La vie, c’est ça, un petit caillou, une mauvaise herbe, un secret profondément enfoui et l’engrenage s’enraie… Mais un jour une rencontre a lieu et…

Je sais que je vais aimer…

Dans ce roman, j’ai tout aimé : l’écriture simple et discrète qui sert le texte plutôt que de le cacher. Telle une femme transcendée par un maquillage dont on oublie la présence, le récit de l’auteure profite d’une langue gracieuse et d’un rythme bien dosé qui le rendent fluide et facile à lire. Les phrases coulent tranquillement et la lecture se fait plaisir. J’ai aimé la construction parfaitement adaptée qui nous permet d’avancer pas à pas dans l’histoire et les confrontations des protagonistes, de comprendre leurs difficultés, leurs souffrances, leurs questions. J’ai aimé l’étude approfondie, l’analyse fouillée, le dépeçage presque de chacun de ces héros. J’ai apprécié le regard acéré sur la structure hospitalière, ses problèmes, ses manques, ses personnels dévoués, fatigués, usés, désespérés et sa rentabilité devenue obligatoire.

J’ai aimé encore les mots de la romancière sur tout ce qui touche à l’humain, et notamment s’agissant des pathologies mentales

« La maladie mentale n’est pas bien vue dans nos sociétés. Pourtant il faut un sacré courage pour l’affronter au quotidien, pour lui tenir tête ou composer avec elle, pour aller son chemin. » 

Il n’y a pourtant rien de larmoyant, et chacun va aller son chemin vers une sorte de rédemption. Gaëlle Pingault a, de plus, l’élégance de nous épargner une fin au parfum de rose.

« Les cœurs imparfaits » est à mes yeux un roman très réussi, sensible et fin, bourré d’humanité, un moment de lecture particulièrement émouvant.

Editeur : Eyrolles
Date de Parution : 19 Mars 2020
Nombre de pages : 330