Plus fort encore…

Plus fort encore car ce roman fait partie de ceux que l’on ne peut refermer qu’après le mot fin. Noir, il l’est autant que les brouillards, noir certes, mais pas seulement.  Raphaël Chaumet, violoncelliste apprend, après une séparation de « …onze ans, huit mois et quatorze jours… » que sa fille Maude a disparu alors qu’elle était aux Iles Féroé. Elle y était avec son petit ami, lui est rentré, elle est restée et ne donne plus signe de vie. Sans tergiverser le père part immédiatement sur place.

Un récit d’une richesse infinie…

Ce récit est d’une richesse infinie qui relate la recherche éperdue d’un père. Sur les traces de sa fille, qui lui a été « enlevée » alors qu’elle était enfant et qui désormais est une femme engagée dans une ONG, il n’est pas au bout de ses surprises… Riche, ce récit l’est par la description magnifique des paysages qui rend compte à merveille de leur rudesse

« Les eaux d’un bleu froid étaient hérissées de frissons sous les risées qui dévalaient des montagnes environnantes. »

mais aussi de leur beauté

« Il était tôt. Une lumière jaune baignait le port comme une lampe frontale bouscule l’aube hésitante. Le ciel en rémission était bleu pâle. La mer étale glanait de-ci de-là quelques fragments colorés. »

Riche il l’est aussi par l’éclairage apporté sur les éléments déchainés, la pluie, le vent, la neige et ces brouillards noirs qui enveloppent tout. Riche encore par la narration des coutumes ancestrales barbares et pourtant toujours présentes, notamment le « grindadráp », nom donné à la chasse traditionnelle – véritable carnage –  aux cétacés. Riche toujours par l’analyse minutieuse et approfondie de la psychologie de chacun de ses personnages. Riche, enfin, par la beauté de l’écriture, souvent poétique, qui équilibre parfaitement la noirceur du ciel et des situations. Et je n’oublie pas le Violoncelle, personnage à part entière, ni le Requiem de Fauré…

« Les Brouillards noirs », un roman dont on ne ressort pas indemne tant il nous renvoie aux risques qu’encourt notre planète, mais un roman touchant, brillant et addictif.

 

Editeur : Albin Michel
Date de Parution : 1er Février 2023
Nombre de pages : 256