Auteur et… procureur

…Et, mais vous le savez certainement…procureur de Neuchâtel. Il aurait pu tout aussi bien être capitaine de navire, tant il navigue habilement au milieu de ses personnages, scènes de crimes ou autres événements. Il s’y entend aussi pour jouer les pendulaires dont il parle dans son roman et nous promener de la Chaux-de-Fonds à Lausanne, de la montagne à la ville, de l’été à l’hiver, des faits au procès les concernant. Car, l’histoire ici, se passe entre chaleur torride et froid glacial, moulins souterrains désaffectés et salle d’audience, quatre hommes enlevés et séquestrés et une femme accusée apparemment à tort.

« Après avoir craché du sang, la montagne avait vomi des corps. »

La première phrase du prologue ne laisse aucun doute sur la couleur dominante du roman. Et c’est une famille bien sous tous rapports, venue pique-niquer à cet endroit, qui est témoin de cette macabre découverte. A partir de là, les faits s’enchaînent, délivrés par chapitres alternés jusqu’à une fin que je n’avais subodorée à aucun moment.

Chez Nicolas Feuz, j’aime cette propension à me prendre dans ses filets, à m’entraîner avec lui tout au long de son enquête, et à me surprendre à chaque fois. N’est-ce pas là le signe qu’il a réussi son coup ? J’apprécie son écriture sans chichis mais fluide et agréable à lire et son élégance à semer discrètement des éléments utiles pour qui n’a pas lu ses romans précédents. Je m’attache à ses personnages récurrents, bourrés de qualités mais aussi de défauts, de fragilités qui les rendent particulièrement humains.

Des scènes de crime mais aussi…

Mais lire cet auteur ne s’arrête pas à découvrir des scènes de crime, c’est aussi se régaler de paysages superbement décrits, de spécialités culinaires, comme la « torrée » du Canton de Neuchâtel, des goûts musicaux de ses héros tel le groupe Dire Straits, ou encore des explications relatives à la justice suisse :

« En Suisse l’évasion ne constituait pas une infraction. Seule l’assistance à évasion peut donner lieu à des poursuites pénales. »

En un mot comme en cent, j’ai trouvé ce roman captivant et addictif et j’en attends la suite de pied ferme. Car, rassurez-moi, Monsieur le Procureur, les aventures de Tanja, Flavie et Norbert ne sont pas terminées ?

Editeur : Slatkine et Cie
Date de Parution : 28 Mai 2020
Nombre de pages : 299