Nous sommes à l’automne 2010 et Claire, divorcée, range la maison de sa maman décédée il y a peu, aidée par ses deux filles. Dans un tiroir, est retrouvée une lettre destinée à Claire. Celle-ci tarde à l’ouvrir… mais un jour elle se décide. Ce courrier fait état de deux personnages Tatiana et Enzo, deux noms dont Claire n’a jamais entendu parler. Intriguée, elle décide de mener une enquête, désireuse de connaître le lien qui les unissait à sa mère.

Ce premier roman de Tiffany Jaquet est un véritable « page turner ».

Il est très difficile de s’en détacher une fois les premières lignes absorbées. Nous apprenons très vite, dès le premier chapitre, qu’Enzo et Tatiana sont des italiens venus comme nombre de leurs congénères travailler en Suisse, plus précisément dans le Canton de Vaud. Tatiana est employée dans une auberge et Enzo à la construction de l’autoroute entre Lausanne et Genève. Ainsi le récit vagabonde entre la Suisse et l’Italie, entre les années 60, lors des arrivées massives d’ouvriers étrangers en territoire helvétique et 2010 date du décès de Marie, la maman de Claire.

Je me garderai bien d’en dire plus. Il serait dommage de déflorer l’intrigue et de priver chacun du plaisir de la découverte. L’action est fort bien menée et l’écriture, d’une grande simplicité, rend la lecture facile. Pour autant, même si la fin rassérène, beaucoup de passages interrogent. Sont abordés le problème de l’immigration, problème toujours actuel s’il en est, le racisme et ses dégâts, la noirceur de la politique, les relations entre humains, le déracinement, la construction de soi, les dommages liés aux non-dits, aux secrets.

« L’enfant du placard » est un roman captivant, semblable à un puzzle dont les pièces s’emboîtent au fur et à mesure pour exploser en un final coloré.

Il aborde aussi un sujet historique que, personnellement, je ne connaissais pas : celui de la migration des italiens vers la Suisse, migrants saisonniers vite soumis à l’impossibilité de garder leurs enfants sur le sol. C’est un récit dur parfois –  l’auteur semble vraiment touchée par cette face fort sombre de son pays –  mais tellement empli de sensibilité, d’empathie, de générosité, de bonté, d’amour, d’altruisme qu’il en est réconfortant.

Editeur : Plaisir de lire
Date de parution : 2016
nombre de pages : 282